La garde à vue de l’ancien président cristallise l’opinion, notamment celle du monde politique. « Avec Nicolas Sarkozy, on est habitué à l’inédit », commente le ministre du Travail.
Convoqué ce mardi matin par la police judiciaire, Nicolas Sarkozy devra s’expliquer sur l’affaire de trafic d’influence et de violation du secret de l’instruction qui a conduit hier au placement en garde à vue de son avocat, Me Thierry Herzog et de deux hauts magistrats dont Gilbert Azibert à qui il aurait promis un poste prestigieux en échange d’informations sur les dossiers dans lesquels il est cité, notamment l’affaire Bettencourt.
Selon la presse nationale, la garde à vue de l’ancien chef de l’Etat, peut aller d’une heure à 24 heures, renouvelable une fois. Durant ce temps, il sera interrogé par les enquêteurs de l’office anti-corruption (Oclciff) de la police judiciaire.
La mesure dont Nicolas Sarkozy fait actuellement l’objet est une grande première dans l’histoire de la République. Coupant court aux vives critiques, accusant le régime actuel d’instrumentalisation de l’appareil judiciaire, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, rappelle que l’ex-président est " un justiciable comme les autres ". " La justice enquête et doit aller jusqu’au bout ", insiste-t-il, rappelant au passage : " J’ai même été accusé d’être à la tête d’un cabinet noir " . Pour lui, " ceux qui font ça veulent essayer de donner l’impression que c’est ailleurs que ça se passe ".
Sur France Culture, le ministre du Travail, François Rebsamen, parle d’une " affaire sérieuse " pour laquelle il se préserve de tout commentaire. " Il y a une action judiciaire, j’attends d’en voir les conclusions, mais disons que la période a été marquée quand même en matière de dépenses financières, de non respect des règles, par des excès qui se retrouvent aujourd’hui devant la justice " , poursuit-il, lâchant toutefois qu’ " avec Nicolas Sarkozy, on est habitué à l’inédit ".
Pour sa part, Rama Yade (UDI) réclame " présomption d’innocence et indépendance de la justice". " J’attends en termes de fonctionnement de la démocratie, le respect de deux principes : la présomption d’innocence et l’indépendance de la justice. Sur la base de ces deux principes, un homme, fût-il président de la République, peut se défendre et la justice travailler. Je n’ai pas d’autre commentaire à faire ", indique-t-elle sur France Info.
L’élu UMP Georges Fenech, quant à lui, se dit " tout à fait confiant sur l’issue de la procédure " et demande à Nicolas Sarkozy de " garder son sang froid ". A son avis, le moment est venu de " crever l’abcès " autour de cette affaire. " Il n’y a pas à attaquer les magistrats et les enquêteurs. Les seules conclusions, ce sont celles que tireront les juges ", souligne-t-il.
Un autre élu UMP, s’agissant de Philippe Gosselin (la Manche), estime que cette affaire de garde à vue, " très clairement, ça complique la donne ". Il tient toutefois à mettre en garde " ceux qui voudraient l’enterrer trop vite ". " Il (Nicolas Sarkozy, ndlr) n’est pas homme à renoncer comme ça, au contraire ", prévient-il.
Le député de Pas-de-Calais, Daniel Fasquelle (UMP), quant à lui, se dit " choqué par le fait que le gouvernement et la justice ne mettent pas les mêmes moyens pour lutter contre la délinquance ". " Je suis troublé et comme beaucoup de Français, je me pose beaucoup de questions sur les moyens disproportionnés mis en œuvre conduire à cette garde à vue ", commente-t-il sur des propos recueillis par Le Parisien. Le quotidien de rapporter entre autres les réactions des politiques sur Twitter :
- " GAV #Sarkozy ...Étonnants commentaires de certains ! Tout citoyen à droit à la présomption d’innocence surtout quand on s’acharne sur lui ", poste sur son compte l’élu UMP Thierry Mariani.
- " @juliendray : Être entendu n’est pas une preuve de culpabilité ! C’est la possibilité de s’expliquer sur le fond du dossier" #E1matin ", envoie à son tour le député d’Essonne, Julien Dray.
- " Vertigineux qd on y réfléchit RT @jul_mm : Nicolas Sarkozy vient d’être placé en garde à vue dans une affaire de trafic d’influence présumé ", écrit l’écologiste Cécile Duflot.