"Nature capitale" a attiré des centaines de milliers de visiteurs ce week-end de Pentecôte sur les Champs-Elysées, transformés en un patchwork végétal. Mais l’opération de charme des agriculteurs a parfois tourné à la cohue tant la foule était dense.
PARIS (AFP) - "Nature capitale" a attiré des centaines de milliers de visiteurs ce week-end de Pentecôte sur les Champs-Elysées, transformés en un patchwork végétal. Mais l’opération de charme des agriculteurs a parfois tourné à la cohue tant la foule était dense.
Avec près de 1,8 million de visiteurs sur deux jours, "l’opération a pleinement atteint son but", s’est réjouie Carole Doré, vice-présidente du syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA), qui a organisé la manifestation avec France Bois Forêt.
"Nous voulions faire comprendre que l’agriculture est capitale pour les générations futures, qu’il est important que les agriculteurs continuent à nourrir les hommes et à habiller les paysages par la diversité des productions", a-t-elle expliqué à l’AFP.
Haricots, bananiers, colza, vigne, blé, moutarde, féveroles, ananas... : en tout plus d’une centaine d’espèces végétales et autant de variétés d’arbres, réparties dans 8.000 parcelles, formaient un long patchwork de plus d’un kilomètre, de la place de l’Etoile au rond-point des Champs-Elysées.
Les organisateurs avaient ainsi choisi de montrer la diversité. Vingt ans plus tôt, la "Grande Moisson", déjà signée du créateur d’"art de rue" Gad Weil, montrait un autre visage de l’agriculture française, productiviste celui-là. Les Champs-Elysées avaient alors été transformés en une vaste plaine de blé qui fut moissonnée.
L’opération a toutefois été victime de son succès, la foule très compacte rendant difficile l’abord des parcelles.
"C’est une bonne idée, mais la circulation entre les parcelles était mal pensée. C’était un peu le salon de l’agriculture en plein air, on perdait de vue la finalité de l’opération", témoigne Véronique Attias-Delattre, une Parisienne de 51 ans.
Et les agriculteurs qui devaient assurer le contact avec les visiteurs n’étaient guère visibles. Une critique entendue par Carole Doré, qui reconnaît que les 150 jeunes agriculteurs présents sur place étaient peu identifiables.
Venu en voisin, le président Nicolas Sarkozy, accompagné de son épouse, a parcouru quelques allées lundi matin à la rencontre des agriculteurs, envers lesquels, depuis la défaite de sa majorité aux régionales, il multiplie les gestes.
"Vous avez vu tout ce que je fais en ce moment", "Pour peser sur les prix, nous, on sera avec vous !" : à chaque arrêt, le président a lâché une phrase de réconfort aux représentants d’un monde agricole en plein désarroi.
"L’agriculture est au coeur de Paris", avait lancé la veille le ministre de l’Agriculture, Bruno le Maire.
Bousculés à la fois par des prix bas de production et des aides européennes décroissantes, les agriculteurs, et surtout les jeunes qui se sont endettés pour s’installer, s’interrogent sur leur avenir.
Le revenu moyen de l’agriculteur a baissé de plus d’un tiers en 2009. Le gouvernement a lancé un plan de soutien de 1,8 milliard d’euros de prêts et 650 millions d’aides.
Le Sénat examine jusqu’à mercredi le projet de loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche (LMAP), quatrième loi agricole en dix ans, qui vise précisément à assurer des revenus décents aux agriculteurs.
Après avoir passé une nuit blanche pour installer les parcelles, les agriculteurs avaient commencé lundi soir à ranger les plantations pour dégager la chaussée. Les 8.000 parcelles devaient être transférées sur un terrain de la commune de Dammarie-les-Lys, dans la banlieue sud de Paris, où elles seront entretenues, ont promis les organisateurs.