Après 18 ans d’attente, Marseille jubile. Les joueurs de l’OM ont donc bien profité de la défaite d’Auxerre à Lyon pour s’adjuger le neuvième titre de son histoire. Encore fallait-il pour cela venir à bout d’une équipe bretonne accrocheuse. Les hommes de Didier Deschamps n’ont pas failli à la tâche et offrent donc à la cité phocéenne un doublé retentissant après la victoire en coupe de la Ligue.
Le match débute à peine que Gabriel Heinze, d’un superbe coup franc, plonge le Vélodrome dans l’extase. Cinq minutes à peine, et l’OM est déjà champion. Rennes ne va pourtant pas abdiquer. Jouant le jeu jusqu’au bout, les Bretons se procurent de bonnes situations. Ils sont logiquement récompensés de leurs efforts avant la pause, Briand reprenant de la tête un service de Leroy. Tout est à refaire.
Au retour des vestiaires, les joueurs marseillais tentent d’emballer le match mais se heurtent au bloc mis en place par Frédéric Antonetti. L’ambiance devient de plus en plus pesante au fur et à mesure des minutes qui défilent, comme si les vieux démons s’emparaient de nouveau de la ville. Mais à un quart de la fin, le capitaine Mamadou Niang libère enfin les 60 000 supporteurs du stade Vélodrome.
A la réception d’un ballon relâché par Douchez sur un tir de Valbuena, le Sénégalais inscrit son 16e but de la saison, sûrement le plus important. A peine le temps de se remettre que Lucho Gonzalez enfonce le clou d’un joli plat du pied gauche. Cette fois, la fête peut vraiment commencer...
Le contexte d’avant match :
S’ils ne s’apprécient pas forcément, Jean-Claude Dassier et Pape Diouf doivent être associés dans ce titre de champion de France remporté par l’Olympique de Marseille. Sans le travail du Sénégalais ces dernières années et sans les avancées sur le marché des transferts opérés par Didier Deschamps avec l’ancien patron exécutif de l’OM, peut-être que Marseille ne serait pas en train de festoyer ce mercredi. Même si le travail mené par Jean-Claude Dassier, en collaboration avec les discrets Antoine Veyrat et Vincent Labrune, ne doit pas être négligé… Une petite pensée pour Diouf donc. Et une énorme pour Robert Louis-Dreyfus, qui n’aura rien gagné de son vivant malgré les sommes colossales sorties directement de ses poches. Finalement, ce sont son épouse et ses enfants qui célèbrent le sacre tant espéré par l’homme d’affaires terrassé l’an dernier par la maladie.
Après ce tremblement de terre, on a tout dit sur l’OM. Vente, pas vente, remise en cause de l’arrivée de Deschamps à la place d’Eric Gerets, arrivée de l’agent Jean-Pierre Bernès qui fragiliserait José Anigo… Marseille faisait du Marseille dans la coulisse. Et comme si les tuiles appelaient d’autres tuiles, le Vélodrome était fermé suite à un incident mortel lors de la préparation d’un concert de Madonna. Avec tous ces pépins, la saison de l’OM paraît bien mal engagée. Malgré tout, l’OM a opéré un marché intelligent. Deschamps, qui a fini par rester malgré le départ de Diouf et l’abandon de la piste Bernès, parvient à faire signer E.Cissé, Morientes, Abriel, S.Diawara, Heinze, Mbia et Lucho. Tout en conservant une bonne partie des satisfactions de la saison précédente. Mais dès la préparation, Lucho se blesse gravement à une épaule.
Deschamps va avoir du mal à trouver son équipe. Capable de tout offensivement, l’OM peine derrière. La défense centrale est aux abois. Diawara n’est pas forcément en cause mais on ne lui trouve pas d’associé idéal : ni Mbia, essayé d’abord sans suite, ni Heinze, ni Hilton ne s’imposent. Et J.Rodriguez est hors course. Au milieu, Lucho, souvent blessé, a du mal à s’adapter. Devant, Valbuena et Ben Arfa, sous-utilisés, font la gueule, tout comme Koné. Quant à Morientes, il n’est que l’ombre du grand joueur qu’il a été. Marseille va vite être éliminé en Ligue des Champions, devancé par le Milan AC et le Real Madrid. En championnat, le titre ne paraît pas envisageable tant que Bordeaux survole les débats.
Et puis après deux échecs hivernaux face à Auxerre et Montpellier, Deschamps fait le boulot : il relance Valbuena et Ben Arfa, les ex-bannis. Il fait reculer Mbia contre son gré en défense, place le très professionnel Heinze latéral gauche, contre ses aspirations et en alternance avec Taiwo. Bonnart, que le club semblait négliger, redevient efficace et est responsabilisé après le départ de Bocaly qui ne lui a pas piqué la place. Au milieu, Edouard Cissé stabilise l’équipe. Kaboré, lui, prend du volume. Devant, Niang est efficace et Brandao montre qu’il peut être autre chose qu’un épouvantail à défenseurs. Et enfin, le grand joueur dont l’OM avait besoin se révèle. Enfin prêt physiquement, Lucho Gonzalez monte en puissance, distribue ses caviars et organise au mieux le jeu de son équipe. Une aubaine pour le club, moins pour Cheyrou et Abriel qui disparaissent. Mais le joueur le plus cher de l’histoire de l’OM prouve qu’il valait le coup. L’OM enchaîne alors les succès, bat Bordeaux en finale de la Coupe de la Ligue, profite de la chute du club girondin en championnat… Deschamps a fait son boulot : l’OM est champion de France. Qui l’aurait parié l’été dernier malgré l’ambitieux recrutement ?