Où implanter les éoliennes ? A quelle distance des habitations ? Dans quelle mesure doivent-elles être regroupées sur le territoire ? Avec quels types d’autorisation ? Le débat, passionnel, fait de nouveau des étincelles à l’approche de l’examen du projet de loi Grenelle 2.
PARIS (AFP) - Où implanter les éoliennes ? A quelle distance des habitations ? Dans quelle mesure doivent-elles être regroupées sur le territoire ? Avec quels types d’autorisation ? Le débat, passionnel, fait de nouveau des étincelles à l’approche de l’examen du projet de loi Grenelle 2.
Pour les ONG environnementales et les défenseurs de la filière (environ 1,5% de la production totale d’électricité), l’équation est simple : s’il est adopté en l’état, le texte marquera un coup d’arrêt brutal au développement du secteur en France.
Conséquence directe : les objectifs du Grenelle de l’environnement - 23% d’énergie renouvelable en 2020 - ne seront pas atteints.
"Environ la moitié des projets boiraient la tasse", estime André Antolini, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER). "Toute la façade ouest du pays serait privée de projets, purement et simplement", ajoute-t-il, tempêtant contre le seuil minimum de 15 MW prévu pour les nouveaux parcs.
"Sur l’éolien, les mesures qui s’annoncent sont dramatiques", ajoute en écho Maryse Arditi, de France Nature Environnement (FNE, 3.000 associations), qui dénonce la volonté "d’accumuler à tout prix de la réglementation".
Très loin de l’atmosphère qui dominait à l’automne 2008 lors de l’adoption, à la quasi-unanimité, du Grenelle 1, qui fixait les grands objectifs, le débat parlementaire s’annonce houleux. Il a aussi pris une dimension plus politique avec la démission du co-rapporteur socialiste Philippe Plisson (PS) de la mission parlementaire sur le sujet.
Depuis, plusieurs députés de l’opposition sont montés au créneau, accusant "un groupe de députés de la majorité" réunis autour de Patrick Ollier (UMP), président des Affaires économiques, de "rendre impossible un développement de l’éolien" en France.
Pour l’heure, le gouvernement se fait remarquer par son extrême discrétion sur ce sujet sensible sur une partie des bancs de la majorité.
"Sur l’éolien, je ne sais pas, à la vérité, quelle est la bonne solution", a lâché, en début de semaine, le ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo, renvoyant la balle dans le camp du Parlement.
L’objectif fixé dans le cadre du Grenelle de l’environnement est d’atteindre 25.000 MW de puissance installée en 2020. Pour ce faire, environ 6.000 nouveaux mats devront venir s’ajouter aux quelque 3.000 déjà installées.
Parmi les articles qui font bondir les partisans de la filière, celui préconisant d’appliquer aux éoliennes le régime des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), ce qui rendrait plus complexes les procédures d’autorisation en les soumettant aux mêmes autorisations qu’un site industriel dangereux.
Même s’ils réclament un moratoire sur l’éolien pour mettre fin à ce qu’ils qualifient de "bazar innommable", les anti-éoliens, qui dénoncent "le saccage systématique de paysages emblématiques", ne dissimulent pas leur satisfaction face à certaines évolutions du projet de loi après son passage en commission.
Pour Arnaud Gossement, du réseau Environnement et droit, il existait des solutions juridiques "très simples" pour répondre à des préoccupations légitimes, mais "le débat a échappé aux gens raisonnables et s’est transformé en une guerre de lobbies qui s’est achevée par une victoire totale des anti-éolien".
"Ce dossier, qui a été très mal géré, cristallise depuis des mois tous les mécontentements et obscurcit tout le reste" , déplore-t-il.
Les débats parlementaires, en séance plénière, débutent mardi.