Revigoré au niveau électoral par son sursaut aux régionales, le Front national tient samedi son défilé rituel du 1er mai à Paris, le dernier de son histoire sous la présidence de Jean-Marie Le Pen et les yeux tournés vers le congrès qui lui donnera un successeur.
PARIS (AFP) - Revigoré au niveau électoral par son sursaut aux régionales, le Front national tient samedi son défilé rituel du 1er mai à Paris, le dernier de son histoire sous la présidence de Jean-Marie Le Pen et les yeux tournés vers le congrès qui lui donnera un successeur.
Depuis plusieurs années, le rendez-vous traditionnel des frontistes ne réunit plus les foules des années 90, quand plus de 10.000 personnes rendaient hommage à Jeanne d’Arc, le jour de la fête du Travail.
Mais cette manifestation reste pour le parti d’extrême droite le temps fort de l’année, où les militants "se comptent, défilent et écoutent le chef", résume Frédéric Dabi, directeur du département opinion à l’Ifop.
Et cette année, le parti aborde ce rendez-vous fort de ses résultats aux régionales, qui l’ont "remis dans le jeu politique", selon M. Dabi.
Même si le score au premier tour (2.223.800 voix, 11,42%) reste inférieur au même scrutin en 2004 (3.564.064 voix, 14,70%), le parti s’est en effet nettement redressé par rapport à l’hécatombe des européennes de 2009 (1.091.691 voix, 6,34%).
Dans ce contexte, le chef historique du FN Jean-Marie Le Pen, fondateur du parti en 1972, aujourd’hui âgé de 81 ans, s’est résolu à passer la main lors du prochain congrès, les 15 et 16 janvier 2011.
D’ores et déjà, sa fille Marine Le Pen, 41 ans, et Bruno Gollnisch, 60 ans, se sont déclarés candidats à la succession.
Tous deux vice-présidents exécutifs du parti, également députés européens, ils peuvent s’appuyer sur leur résultat personnel aux régionales, avec un bonus supplémentaire pour Marine Le Pen, qui a recueilli 22,20% au second tour dans le Nord-Pas-de-Calais, contre 15,22% pour Bruno Gollnisch en Rhône-Alpes.
Les deux prétendants devraient évidemment être présents samedi lorsque Jean-Marie Le Pen prendra la parole pour son traditionnel discours, en fin de matinée, sur la place des Pyramides, devant la statue de Jeanne d’Arc (1er arrondissement).
Le président du FN a dit à plusieurs reprises qu’il ne se prononcerait qu’en "temps utile" sur sa succession, se contentant de quelques sous-entendus.
"Bruno Gollnisch a beaucoup de qualités que j’estime, mais on peut penser qu’il serait souhaitable qu’il ait des qualités supplémentaires", a-t-il notamment lâché, dimanche dernier, lors du Grand jury RTL/LCI/Le Figaro.
Pour autant, et même si Marine Le Pen semble favorite, notamment grâce à sa présence médiatique et parce qu’"elle est dépositaire du nom, de la marque +Le Pen+", tout n’est pas joué, explique Jean-Yves Camus, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
"Ce n’est pas l’opinion publique qui fait l’élection du président du FN, ni même les électeurs. Ce sont les membres du parti à jour de cotisation", poursuit le chercheur.
Et "a priori, il y a plus de partisans de Bruno Gollnisch parmi les militants et les cadres qu’il n’y a de partisans de Gollnisch en dehors du parti", prévient-il.