Aucun bus ne circulait lundi sur le réseau des Transports Rapides Automobiles (TRA) desservi par le dépôt de Villepinte, en raison du droit de retrait appliqué par les conducteurs au lendemain de l’agression d’une de leurs collègues à Aulnay-sous-Bois.
VILLEPINTE (Seine-Saint-Denis) (AFP) - Aucun bus ne circulait lundi sur le réseau des Transports Rapides Automobiles (TRA) desservi par le dépôt de Villepinte, en raison du droit de retrait appliqué par les conducteurs au lendemain de l’agression d’une de leurs collègues à Aulnay-sous-Bois.
Depuis près d’un mois les incidents visant les transports en commun se multiplient en banlieue parisienne, en particulier dans l’est de la Seine-Saint-Denis, entraînant l’application du droit de retrait pour la quatrième fois des conducteurs de bus, des TRA ou des Courriers d’Ile-de-France (CIF), dans ce secteur.
Dimanche soir, une conductrice a été rouée de coups devant sa fille de 15 ans (bien 15 ans) par trois jeunes passagères interpellées un peu plus tard dans la soirée. Elles ont été remises en liberté lundi dans la soirée, leur garde à vue n’ayant pas été prolongée.
Lundi, une centaine de salariés des TRA étaient regroupés au dépôt alors que des négociations se tenaient entre représentants syndicaux et direction, celles de dimanche n’ayant apporté aucune avancée.
"On avait trouvé un accord avec la direction ; il était prévu de ne pas desservir la ligne concernée pendant deux jours et de ne plus circuler après 20h30 sur l’ensemble du réseau pendant une semaine, mais les salariés ont rejeté en bloc ces propositions" a expliqué à l’AFP Zahir Mehdid, délégué UNSA.
"Il y a un ras-le-bol chez les chauffeurs, ils sont démoralisés. Nous travaillons sur un réseau très sensible, qui ne dessert quasiment que des cités sensibles, on a régulièrement des problèmes mais là c’est le coup de trop", a-t-il ajouté.
"Lors de leurs visites, le président de la République comme le ministre de l’Intérieur nous on fait des promesses, seulement pour l’instant on a un peu l’impression qu’il ne s’agissait que de belles paroles" a dénoncé M. Mehdid.
La situation "s’est principalement dégradée après la descente de police à Tremblay-en-France pour démanteler un trafic de drogue et maintenant ça fait tâche d’huile", a expliqué à l’AFP Racine Hadad, conducteur.
"On doit non seulement gérer ça mais en plus notre direction ne se préoccupe pas beaucoup de nous. Je me suis fait agresser l’année dernière sur une autre ligne, j’ai reçu des menaces de mort, j’ai demandé à la direction de changer de ligne, le lendemain ils ont bien voulu mais le jour suivant c’était terminé", a dénoncé M. Hadad.
Interrogé par l’AFP, la direction se refusait lundi à tout commentaire.
Pour Zahir Mehdid la solution ne passe pas nécessairement par les escortes policières.
"On a bien vu ces dernières semaines, ça n’a pas empêché les caillassages, ça crée même une impression de provocation, ça devient un peu le jeu de caillasser malgré les flics", a-t-il expliqué.
"Ce qui pose plus problème c’est qu’on a le sentiment que les ateliers menés par la préfecture après les incidents des dernières semaines n’aboutissent à rien, ça parle mais on n’a toujours aucune solution concrète" a regretté M. Mehdid.
"Si on était à deux dans les bus, ça limiterait au moins le risque d’agression, pas les incivilités mais au moins notre collègue n’aurait pas été passée à tabac, mais jamais la direction ne consentira à un tel effort. Les caméras il y en a déjà, quand elles marchent, et ça n’empêche absolument rien" a pour sa part expliqué Racine Hadad.
Des effectifs de police supplémentaires ont été déployés courant avril à Tremblay-en-France et Villepinte pour sécuriser les lignes de bus, après plusieurs annonces du président de la République, Nicolas Sarkozy, et du ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux.
