Vingt-quatre plaintes des journalistes et photographes ont été déposées pour des altercations violentes avec les forces de l’ordre durant la mobilisation du 8 décembre.
De nombreux journalistes et photographes de presse ont témoigné avoir eu d’altercations avec les forces de l’ordre lors de la manifestation des "Gilets Jaunes", samedi 8 décembre. Si certains ont vu la confiscation de leur matériel, d’autres ont reçu des tirs de lanceurs de balle de défense dans le dos ou dans la tête.
Yann Foreix, journaliste du Parisien, a montré sur son compte Twitter son casque de moto endommagé après avoir reçu une munition de lanceur de balle de défense LBD40. Elle a été tirée par un officier de la compagnie républicaine de sécurité (CRS) à deux mètres derrière lui. Il s’en est sorti avec un énorme hématome sur la nuque.
— Yann Foreix (@yannforeix) 8 décembre 2018
Quant à Eric Dessons, un photographe du Journal du dimanche, il a reçu deux fois une matraque télescopique sur la main alors qu’il tenait son appareil photo. Il a écopé de 4 semaines d’ITT et une fracture de la main.
Un courrier a été envoyé vendredi au ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, au procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, et au préfet de police de Paris, Michel Delpuech. L’avocat Jérémie Assous les avertit dans le courrier le dépôt de vingt-quatre plaintes de photographes et de journalistes pour des altercations avec les policiers, durant la mobilisation des "Gilets Jaunes" samedi 8 décembre.
Le Monde a pu consulter le courrier. Il a rapporté qu’au moins huit de ces procédures font état des faits de violences avec armes. Quant à certaines plaintes, elles concernent des faits bien avant les manifestations, remontant jusqu’à des violences en 2016 durant les mobilisations contre la loi travail.
Selon Me Assous, l’Union des photographes professionnels (UPP), le Syndicat national des journalistes, Reporters sans frontières, la Confédération générale du travail (CGT) et Force ouvrière (FO) se porteront parties civiles sur chacune des plaintes déposées. Il espère que cette action collective puisse porter ses fruits.
Le 30 novembre dernier, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a évoqué ces violences subies par les journalistes, mais cette fois-ci de la part de certains "Gilets Jaunes". Il a alors encouragé les journalistes à toujours remonter les faits de violences policières, notamment par un signalement à l’IGPN ou une plainte. "Lorsqu’il y a une bavure, elle doit être sanctionnée. C’est ce que je rappelle aux forces de l’ordre régulièrement : nous avons un devoir d’exemplarité", a-t-il déclaré à cette occasion.
Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, s’est aussi engagé à mener des enquêtes administratives et judiciaires sur toutes les plaintes qui ont été reçues et les traiter avec sévérité. Le gouvernement a aussi proposé aux journalistes et photographes de se mettre à l’arrière des dispositifs de police afin de pouvoir les protéger durant les manifestations.
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