L’hebdomadaire Canard enchaîné a révélé dans son édition du 7 septembre que Bernard Tapie devrait empocher 210 millions d’euros du Trésor public dans le cadre du règlement de l’affaire Adidas-Crédit lyonnais. La décision d’indemnisation a été rendue en 2008 par le tribunal arbitral. A l’époque, Christine Lagarde avait estimé que Bernard Tapie devait toucher des indemnités de l’ordre de 20 à 50 millions d’euros.
L’écart entre la somme annoncée en 2008 et celle accordée cette année provoque aujourd’hui la polémique." On peut raisonnablement penser que la différence entre les deux sommes résulte de la bienveillance des services fiscaux de l’État. C’est une bonne manière du gouvernement à l’égard de Bernard Tapie ou un cadeau. En échange de quoi ? ", s’interroge Jean-Pierre Brard, député PCF.
" C’est révoltant de voir une somme pareille attribuée à un individu peu recommandable ", déplore le député UMP villepiniste François Goulard.
" C’est à pleurer ", déclare pour sa part François Bayrou, président du Modem. " On s’est moqué des Français, de la représentation nationale, des lois, tout ça pour donner à M. Tapie une somme qui le place parmi les plus grandes fortunes françaises ", estime-t-il.
De son côté, la ministre de l’économie qui a confirmé l’information ce matin a assuré que Bernard Tapie n’avait pas bénéficié d’un traitement particulier.
Contacté par Le Télégramme, Bernard Tapie n’a pas mâché ses mots. " Je m’en fous complètement. Il y a un an, on annonçait 400 millions d’euros. Maintenant, c’est 200. À ce rythme, si on attend encore un an, il ne restera plus rien ", a-t-il lancé.
A entendre ses explications, environ 95 millions sur les 210 qui lui sont dus ne seraient pas liés à l’arbitrage, mais correspondraient à la valeur de ses actifs (actions, bateau, maisons,...) qui avaient été saisis par la justice au cours des 15 ans de procédures.
A noter que ces 210 millions d’euros seront versés à Bernard Tapie au titre de dommages et intérêts, en réparation du préjudice causé dans l’affaire de la vente d’Adidas en 1993 qui l’opposait au Crédit Lyonnais.