Deux mois et demi après l’attentat de Nice, une enquête de l’émission "Quotidien" sur TMC pointe des divergences entre la version officielle et le contenu des procès-verbaux établis par les enquêteurs.
Jeudi 29 septembre, l’émission présentée par Yann Barthès sur TMC a révélé de nouveaux éléments sur l’attentat de Nice perpétré le 14 juillet sur la Promenade des Anglais. Le journaliste Azzeddine Ahmed-Chaouch a fait part de nouveaux éléments sur l’enquête. Il est notamment tombé sur un procès-verbal établi par la sous-direction anti-terroriste de la police judiciaire dont le contenu pourrait s’avérer embarrassant pour les autorités.
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait déclaré que le poids lourd conduit par Mohamed Lahouaiej Bouhlel avait été freiné par les autorités, permettant ainsi de "mettre un terme à sa course meurtrière". Une affirmation contredite par le journaliste selon le rapport qu’il a pu consulter. À "22 heures 34 minutes et 28 secondes", un véhicule de la police, sirène hurlante, monte sur la chaussée pour prendre en chasse le camion. Mais très vite, la voiture des forces de l’ordre est bloquée par des personnes qui fuient la scène de crime. "La progression des policiers n’est donc pas aisée, devant ’zigzaguer’ entre les personnes apeurées et blessées. À 22 heures 34 minutes et 45 secondes : le véhicule de police est derrière le fourgon à une distance d’environ 60 mètres, bloqué", constate le rapport. Mais heureusement, un événement extérieur va jouer en faveur des forces de l’ordre. "À 22 heures 35 minutes et 46 secondes, constatons que le camion terroriste cale. Il ne repartira plus". Cet incident technique a ainsi permis aux policiers d’atteindre le camion et de s’engager dans une fusillade avec le terroriste.
Deux jours après l’attentat ayant frappé Nice, Bernard Cazeneuve avait assuré qu’il n’y avait aucune faille concernant le dispositif policier le soir de l’attentat. "Chacun qui a pris connaissance des conditions d’intervention de la police nationale pourra constater qu’elle était présente, et très présente (...) Des véhicules de police rendaient impossible le franchissement de la promenade des Anglais", avait-il déclaré. Mais cinq jours plus tard, le quotidien Libération dénonce "des failles et des mensonges", notamment un dispositif policier trop léger, allant ainsi à l’encontre de la version officielle du gouvernement. Le procès-verbal semble également donner raison au journal. Sur les vidéos, les enquêteurs ne relèvent qu’une voiture de police nationale sur la promenade des Anglais.
Si c’est bien la police qui a tué Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, elle n’aurait donc pas arrêté dans sa course folle. L’extrait du procès-verbal montre que le camion a bien été pris en chasse, mais que les policiers ont été fortement ralentis par la foule, jusqu’à être "bloqués" à 22h34 et 45 secondes. Trois minutes avant la neutralisation définitive du terroriste.