L’assaut mené mercredi matin sur un appartement de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) s’est soldé par deux morts, dont une femme kamikaze, et sept interpellations. Les témoins de cet assaut musclé reviennent sur cette matinée mouvementée.
Des tirs nourris ont été échangés mercredi 18 novembre à Saint-Denis, lors d’une opération de la sous-direction antiterroriste et du Raid, lancée avant l’aube et qui s’est terminée vers 11h30. Ce dispositif, élaboré dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Paris, visait notamment à mettre la main sur le coordinateur présumé des attaques, Abdelhamid Abaaoud. Au moins deux terroristes présumés ont été tués, dont une femme qui s’est fait exploser, dans cet assaut musclé et 7 personnes interpellées. Mais ni Abdelhamid Abaaoud ni Salah Abdeslam, un auteur présumé des attaques actuellement en fuite, ne figurent parmi "les gardés à vue".
Le récit tragique des riverains
Peu avant l’aube, les policiers d’élite du Raid ont investi l’appartement du centre-ville de Saint-Denis, à quelques mètres du Stade de France. Pendant toute la durée de l’opération, le centre-ville a été entièrement bouclé et survolé par un hélicoptère. Les habitants ont été priés de rester chez eux. Durant près de sept heures, ces derniers ont vécu un véritable cauchemar. "On a entendu des coups de feu", raconte Ahmed, qui habite dans un immeuble situé rue de la République, dans la zone sécurisée. "C’est la police qui a commencé à tirer. On est resté bloqués dans notre appartement une heure avec ma femme et mon enfant avant que la police ne nous évacue".
Sonia, 49 ans, était déjà réveillé lorsque d’un coup elle entendait la première explosion. "Au début, j’ai cru que c’était une bouteille de gaz. Puis j’en ai entendu une seconde. Et là, j’ai commencé à m’inquiéter". Des tirs en rafale s’enchaînent. "Ça a duré au moins 20 minutes, peut-être même plus, puisque ça s’arrêtait et ça reprenait. C’était impressionnant, on aurait dit la fin du monde". La peur était palpable. "C’était la guerre. On n’avait pas le droit de sortir, ça fait peur. D’ailleurs on a toujours peur", souligne Hayet, qui habite près de l’appartement visé. A la fin de l’assaut, elle s’est rendue à la cellule de soutien psychologique mise en place par la mairie.