Parce que Me Dominique Bréard a perdu l’usage de ses yeux, un homme refuse son assistance. Résultat : il est condamné pour injure et outrage.
Placé en garde à vue pour port d’arme illégal, dont deux couteaux, et pour détention de cannabis, un homme a refusé les services d’un avocat aveugle. Comme rapporté par Francetv Info, "Me Dominique Bréard, alors de permanence, est appelé dans la nuit du 19 au 20 novembre par le commissariat du 1er arrondissement pour assister un gardé à vue." Ce jour-là, comme il a l’habitude de procéder, Me Bréard était avec sa compagne, également avocate, lors de son entretien avec le gardé à vue. Le client "tend une main molle" et "ne répond pas aux questions d’usage", a confié l’avocat.
Poursuivant son récit, Me Dominique Bréard a déclaré que le gardé à vue se mettait ensuite à hurler en déclarant notamment : "J’en veux pas, de votre avocat aveugle." Estimant qu’il n’y avait "aucune raison de laisser passer", Me Bréard a porté plainte. De son côté, le gardé à vue a mentionné aux policiers : "J’avais deux mois de sursis au-dessus de la tête, quand on voit un aveugle c’est logique, on le jette. Vous vous rendez-compte, un avocat aveugle ? Pourquoi pas un procureur aveugle ? Il manquerait plus que demain le juge soit sourd".
La justice ne ferme pas les yeux devant une telle discrimination. L’homme qui ne voulait pas être défendu par l’avocat aveugle paiera cher son refus et il a été condamné pour injure et outrage par le tribunal correctionnel de Paris, le 21 novembre. Pour la totalité des faits, port d’arme, détention de cannabis ajoutés à l’injure à l’égard d’une personne handicapé, le prévenu a été condamné à trois mois de prison avec une amende de 1 000 euros pour dommages et intérêts à Me Bréard, ainsi qu’un euro à verser à l’Ordre des avocats de Paris, qui représente la partie civile.
Selon Me Bréard, c’est la première fois qu’il est confronté à une telle situation. "Tous les jours, je suis confronté à des comportements discriminatoires", explique-t-il. L’avocat de poursuivre : "L’étonnement ne me dérange pas. La plupart du temps ça dure 30 secondes", puis "les clients n’ont plus qu’une envie, c’est de vous parler de leur dossier".