Journée décisive pour l’avenir de la compagnie de ferries SeaFrance, en liquidation judiciaire depuis le 16 novembre. Au matin de ce mardi 3 janvier, le tribunal de commerce de Paris devrait se prononcer sur ce dossier, sur lequel repose la vie de quelque 880 salariés. Après une réunion de travail ce lundi 2 janvier 2012 avec le Président de la République, le gouvernement a décidé d’apporter son soutien à la coopérative ouvrière (Scop), la seule offre en lice pour reprendre l’entreprise.
Journée cruciale pour SeaFrance, actuellement en liquidation judiciaire. Le tribunal de commerce va sceller ce mardi matin le sort de la compagnie de ferries, filiale de la SNCF. Nicolas Sarkozy s’est impliqué personnellement dans cette affaire, invitant la SNCF à apporter son aide au projet de la Société coopérative et participative (Scop), la seule offre en lice pour reprendre SeaFrance. Alors que jusque-là, le gouvernement s’est montré indécis sur ce dossier.
Le projet de coopérative ouvrière est en effet l’unique repreneur potentiel pour sauver SeaFrance qui emploie quelque 880 personnes à Calais (Nord). Cette société nouvellement créée par les salariés a reçu le soutien du gouvernement, mais reste à savoir comment financer son projet de reprise. Selon le syndicat majoritaire CFDT, qui pilote le projet, il faudrait trouver un financement d’au moins 50 millions d’euros.
A ce sujet, le président de la République a sollicité l’appui de la maison mère, la SNCF. "J’ai demandé à la SNCF de mettre en place une indemnisation supra-légale exceptionnelle en faveur des salariés licenciés afin de leur permettre d’apporter ces fonds à la Scop", a écrit lundi Nicolas Sarkozy dans un courrier adressé à la Scop-Seafrance.
Entre temps, le gouvernement étudie d’autres possibilités pour financer la Scop. "Nous sommes prêts à écouter toutes les propositions ", a déclaré Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie et des Transports à l’issue d’une réunion de travail à l’Elysée. Nicolas Sarkozy a réuni lundi 2 janvier 2012 au matin le Premier ministre, François Fillion, et d’autres ministres concernés pour discuter de l’avenir de Seafrance.
Pour leur part, les collectivités locales du Nord-Pas-de-Calais ont proposé de fournir un fonds à hauteur de 12 millions d’euros. D’après la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet, il faudrait réunir au moins "40 à 50 millions d’euros " pour "couvrir" le financement nécessaire pour lancer le projet de la Scop.
Les salariés et leurs avocats se montrent toutefois sceptiques sur la faisabilité du projet gouvernemental. "Que l’Etat s’intéresse enfin au dossier SeaFrance, c’est une bonne chose. Mais la manière dont il s’y prend, et les solutions qu’il propose, sont mauvaises. C’est un montage juridique abracadabrantesque, qui a peu de chances d’aboutir", estime Me Philippe Brun, l’avocat des salariés.
"En tant que co-employeur de SeaFrance, la SNCF devrait être incitée à mettre la main à la poche et à intervenir en amont, sous forme d’indemnités versées aux salariés, afin d’éviter une mise en cause ultérieure", souligne pour sa part Me Fouad Barbouch, avocat de la Scop.
La compagnie française des ferries en Manche Seafrance a été placée en liquidation judiciaire depuis le 16 novembre 2011. Le tribunal de commerce de Paris a toutefois décidé de maintenir son activité jusqu’au 28 janvier 2012. En difficulté depuis 1994 en raison notamment de la concurrence du tunnel sous la Manche, Seafrance a été contrainte de supprimer 700 emplois en 2010 avant son placement en redressement judiciaire. Cette compagnie de ferries, la seule en France qui assure la liaison Calais-Douvres, a essuyé d’importantes pertes financières en 2010, s’élevant à 240 millions d’euros.