Le président Sarkozy retrouve ce lundi à Berlin la chancelière allemande Angela Merkel. Son projet d’instaurer une taxe sur les transactions financières devrait être au menu de leur rencontre bien qu’il ait déjà affiché sa détermination à appliquer ce dispositif Tobin en France sans l’avale de ses partenaires européens.
La France est prête à faire cavalier seul dans la mise en œuvre de la taxe Tobin. Ce lundi, Nicolas Sarkozy doit retrouver Angela Merkel pour défendre son projet malgré les réserves émises par ses partenaires européens et l’opposition de Paris Europlace selon Le Monde.
Vendredi, le chef de l’Etat a réaffirmé son intention de mettre en œuvre la taxe sur les transactions financières en France sans qu’un quelconque consensus soit trouvé entres les pays de la zone euro. Jugeant « inacceptable » le fait que ces transactions soient « les seules (à être) exonérées de toute taxe », Nicolas Sarkozy souhaite appliquer ce nouveau dispositif le plutôt possible. D’ailleurs, le secrétaire d’Etat au logement, Benoist Apparu, a déjà annoncé dimanche un « texte financier en conseil des ministres probablement en février ». « Ce n’est pas parce que les financiers disent ’non on ne veut pas être taxés’ qu’on va les écouter », a-t-il affirmé.
Dans un communiqué, publié un peu plutôt dans la journée, l’association Paris Europlace, regroupant les entreprises industrielles, y compris des PME, les sociétés d’assurance et de gestion, ainsi que les banques et les intermédiaires financiers, a affirmé "son opposition" à une mesure qui, selon ses membres, « affaiblirait l’économie française ».
Cet organisme, chargé de défendre les intérêts de la place financière de Paris, de déclarer que cette taxe sanctionnerait « spécifiquement l’industrie financière française » sans l’accord au préalable des partenaires européens. Elle risque entre autres d’entrainer « inéluctablement une délocalisation des activités concernées au profit des grandes places financières mondiales », portant atteinte à la « la maîtrise des conditions de financement de notre économie et le rôle de la place de Paris dans l’économie européenne et mondiale ».
De son côté, la Commission européenne a tenu à rappeler la nécessité d’une « approche cohérente » entre les pays européens afin d’obtenir des « résultats efficaces ». Pour sa part, Mario Monti, le chef du gouvernement italien a insisté sur le fait que « les différents pays européens n’aillent pas en solitaire dans l’application » de cette taxe. Une position soutenue par le Premier ministre britannique David Cameron qui a affirmé dimanche son opposition à de telle mesure sans qu’elle ait été décidée au niveau mondial. Cependant, un tel consensus relève d’une utopie à moins que les Etats-Unis et la Chine ne changent de position.
« Le but est d’aboutir à l’instauration d’une taxe sur les transactions financières dans l’Union européenne », devait rappeler en revanche le gouvernement allemand par le biais de son porte-parole, Steffen Seibert. Toutefois, contrairement à la France, l’Allemagne entend obtenir un consensus ne serait-ce qu’au niveau de la zone euro.
Par ailleurs, l’évolution du processus de modification des traités européens, initiés par la France et l’Allemagne, les menaces d’une récession imminente en zone euro ainsi que la fragilité du secteur bancaire devraient également être discutés lors de cette rencontre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à Berlin.