Le nouveau gouvernement britannique a attaqué de front la question du déficit cette semaine, annonçant une baisse des salaires des ministres et un nouveau budget d’ici 50 jours, mais la situation économique reste très troublée et provoque déjà des frictions avec Bruxelles.
LONDRES (AFP) - Le nouveau gouvernement britannique a attaqué de front la question du déficit cette semaine, annonçant une baisse des salaires des ministres et un nouveau budget d’ici 50 jours, mais la situation économique reste très troublée et provoque déjà des frictions avec Bruxelles.
"C’est le moment de se retrousser les manches et de mettre le Royaume-Uni au travail", a lancé mercredi à son arrivée au ministère des Finances le nouveau chancelier de l’Echiquier George Osborne, le plus jeune (39 ans ce mois-ci) depuis un siècle dans le pays.
Pour bien montrer que le temps était désormais à la rigueur, le gouvernement a annoncé une baisse de 5% des salaires des ministres cette année, une mesure qui ne devrait pas représenter beaucoup plus de trois millions de livres (3,5 millions d’euros) d’économies sur les cinq ans de la législature, selon les calculs du Financial Times, mais qui donne le ton.
Un nouveau budget d’urgence a été annoncé d’ici au 20 juin. Pour l’instant, aucun détail n’a été fourni. Dans son accord de coalition, le nouveau gouvernement précise cependant qu’il va mener "une réduction significativement accélérée" du déficit du pays sur les prochaines années.
D’ores et déjà, les dépenses vont baisser de 6 milliards de livres, soit 0,4% du Produit intérieur brut, dès l’année budgétaire en cours, qui s’achève le 31 mars 2011, a confirmé le gouvernement. Des coupes qui ne suffiront pas "à réaliser cette réduction accélérée", observe Michael Saunders, de Citigroup, qui attend des mesures plus substantielles dans le budget.
Le Royaume-Uni se débat en effet avec un déficit public de plus de 11% du PIB, "le plus élevé du groupe du G7", remarque le cabinet spécialisé dans les changes TorFX.
Une tâche extrêmement délicate attend donc M. Osborne et son équipe, et les données publiées cette semaine l’ont montré : le chômage est au plus haut depuis 16 ans à 2,51 millions de personnes (8% de la population active) et la faiblesse de la livre ne parvient pas à faire décoller les exportations.
"Aucun gouvernement moderne n’a hérité de son prédécesseur une situation économique aussi difficile", a prévenu par avance le ministre.
Celle-ci est de plus compliquée par les inquiétudes qui entourent actuellement la capacité de la zone euro, principal partenaire économique du pays, à aider ses pays les plus faibles à surmonter leur endettement.
La situation fait baisser les Bourses et les monnaies comme la livre ou l’euro, face à un dollar qui rejoue à plein actuellement son rôle de valeur refuge.
Les projets de rigueur du nouveau gouvernement ont reçu cette semaine un soutien appuyé du gouverneur de la Banque d’Angleterre Mervyn King, qui s’en est dit "très content". "Il y a des différences majeures entre le Royaume-Uni et certains pays très endettés de la zone euro, la moindre n’étant pas notre capacité à déterminer notre propre politique monétaire", a-t-il noté.
Mais le gouverneur a remarqué aussi que "le rythme de la reprise (serait) un peu refroidi par le redressement budgétaire".
"Les consommateurs auront moins d’argent à dépenser" pendant cette période, notait Joshua Raymond de City Index, "et cela pourrait avoir un résultat sur les entreprises et la croissance économique".
La semaine s’est terminée aussi avec des frictions avec l’Union européenne, qui fait la sourde oreille au voeu britannique de différer un texte visant à encadrer plus strictement les fonds spéculatifs, alors que 80% de ceux qui opèrent en UE sont basés au Royaume-Uni.
Selon le FT, M. Osborne cherche à sauver ce qu’il peut avant l’adoption définitive, mais son porte-parole a d’ores et déjà convenu que le projet était "très largement engagé".