Le plan d’aide international à la Grèce devrait être finalisé rapidement, ont annoncé jeudi Bruxelles et Athènes, contribuant à apaiser les marchés, mais il sera conditionné à des réformes qui s’annoncent douloureuses pour la population et inquiètent déjà les syndicats grecs.
ATHÈNES (AFP) - Le plan d’aide international à la Grèce devrait être finalisé rapidement, ont annoncé jeudi Bruxelles et Athènes, contribuant à apaiser les marchés, mais il sera conditionné à des réformes qui s’annoncent douloureuses pour la population et inquiètent déjà les syndicats grecs.
Les discussions en cours entre Athènes, le Fonds monétaire international (FMI) et les Européens sont "sur le point d’être terminées", a déclaré à Bruxelles le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.
Le Premier ministre grec Georges Papandréou lui a fait écho depuis la capitale grecque, promettant que les tractations prendraient fin "dans les tout prochains jours". Il s’est engagé à faire "tout ce qui est nécessaire" pour remporter cette "bataille pour notre survie".
Cet accord, qui pourrait éloigner le spectre d’un défaut de paiement du pays à court terme, devrait s’articuler autour d’un programme pluriannuel d’"ajustement budgétaire et structurel majeur" de la Grèce, étranglée par les déficits, a expliqué Olli Rehn.
Le risque de contagion de la crise aux autres maillons faibles de la zone euro, comme le Portugal et l’Espagne, a semble-t-il convaincu les dirigeants européens les plus réticents, à commencer par l’Allemagne, de la nécessité de débloquer rapidement une aide internationale conséquente.
Pour rassurer Berlin, Bruxelles a réitéré que les prêts européens à Athènes seraient "conditionnés", à chaque étape, "à la mise en application" des mesures d’austérité et des réformes structurelles exigées.
Le message semble avoir été entendu. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a joué l’apaisement en estimant que la Grèce aurait besoin de moins d’aide en 2011 et en 2012 que cette année.
Mercredi, des parlementaires allemands avaient évalué ce montant entre 100 et 120 milliards d’euros sur trois ans, à l’issue d’un entretien à Berlin avec les patrons du FMI et de la Banque centrale européenne (BCE), Dominique Strauss-Kahn et Jean-Claude Trichet. Il n’était avant cela question que de 45 milliards pour la première année (30 de la zone euro et 15 du FMI).
La perspective d’un accord rapide a donné un coup de fouet aux marchés européens, qui sont repartis à la hausse après deux jours de panique.
La Bourse d’Athènes a gagné 7,14% en clôture, Paris 1,42%, Londres 0,56% et Francfort 1%. Les Bourses des autres pays européens aux déficits publics inquiétants (Portugal, Italie, Irlande, Espagne) se redressaient significativement et l’euro restait au-dessus du seuil de 1,32 dollar.
Mais en Grèce, le plan d’austérité qui se dessine en échange de l’aide inquiète les syndicats, qui craignent de lourds sacrifices pour la population et soulignent le risque de récession.
La police a tiré jeudi soir des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants hostiles aux mesures d’austérité, qui tentaient d’atteindre le ministère des Finances dans le centre d’Athènes.
Selon un syndicaliste ayant participé jeudi à une réunion avec Georges Papandréou, l’UE et le FMI examinent avec le gouvernement "une réduction du déficit public "de 10 points en deux ans, 2010 et 2011", "des économies de 25 milliards d’euros" et "une suppression des 13e et 14e mois de salaire" dans le secteur public.
Dès mardi, les deux grandes centrales syndicales du pays avaient appelé à la grève générale le 5 mai face aux "exigences" de l’UE et du FMI.
Mercredi à Berlin, Dominique Strauss-Kahn et Jean-Claude Trichet avaient insisté sur l’urgence d’une intervention pour sauver la Grèce et garantir la stabilité de l’ensemble de la zone euro.
Après les tergiversations des dernières semaines, Berlin a envoyé des signaux positifs sur l’activation de l’aide à la Grèce, prévue lors du sommet des dirigeants de la zone euro convoqué le 10 mai.
Mardi et mercredi, l’agence de notation Standard and Poor’s avait mis le feu aux poudres en dégradant les notes de la dette du Portugal et de l’Espagne. Ces décisions avaient fait plonger les marchés et l’euro avait touché mercredi son plus bas niveau depuis un an, à 1,3115 dollar.
Malgré l’accalmie de jeudi, une certaine tension subsistait dans l’attente de la fin des négociations, d’un vote du Parlement allemand sur le plan de sauvetage, la semaine prochaine, et du sommet du 10 mai.
Le gouvernement grec souligne qu’il doit rembourser le 19 mai quelque 9 milliards d’euros à ses créanciers et ne peut se financer sur les marchés aux taux prohibitifs qu’ils lui proposent.
Face à cette crise, d’une ampleur sans précédent dans la zone euro depuis la création de la monnaie unique, plusieurs responsables, comme Jean-Claude Trichet ou le Premier ministre français François Fillon, ont réclamé jeudi un renforcement des institutions et politiques communes européennes.
