Dans le cadre du sommet des ministres des finances du G20 à Istanbul en Turquie, le ministre français des Finances Michel Sapin énonce ses priorités dans cette interview réalisée par Le Point.
Pour un G20 finances sous la présidence turque, les ministres des Finances du groupe et les banquiers centraux se réunissent depuis lundi, à Istanbul. La France essaie de défendre trois dossiers dont la lutte contre l’optimisation fiscale des grandes entreprises, le financement du terrorisme mais aussi le financement de la transition énergétique. Toutefois, le dossier grec reste toujours un point qui bloque.
Le respect du vote grec
Bien que la Grèce ne soit pas officiellement à l’agenda du G20, elle préoccupe plus d’un. A ce propos, Michel Sapin a insisté sur le "respect du votre grec". Le ministre des finances a toutefois mentionné un deuxième élément important c’est que la Grèce puisse respecter les règles des organismes auxquels elle appartient librement et dont elle ne veut certainement pas en sortir. A cet effet, il a évoqué l’importance d’un dialogue avec chacune des institutions à savoir la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI). En ce qui concerne la troïka, elle a représenté l’illustration d’une manière de faire, mais elle n’existe pas dans les traités, a affirmé le ministre en ajoutant que ce n’était pas une obligation juridique.
Les trois priorités pour ce G20
-Sur les trois points importants dont la France porte particulièrement figure en premier lieu la poursuite de la lutte contre l’optimisation fiscale agressive. "Nous voulons aller jusqu’au bout" a souligné Michel Sapin. Selon lui, ce processus devrait s’achever fin 2015 pour mettre en œuvre sa transcription dans le droit des États.
-La deuxième préoccupation concerne le financement de la lutte contre le réchauffement de la planète. De la résolution de ce point dépendra la réussite de la grande conférence sur le climat prévue se tenir à Paris. Malgré un effort de financement d’un fonds vert de 10 milliards de dollars, il faudra encore trouver 100 milliards par an de financement publics-privés d’ici 2020. Et le seul moyen d’y parvenir, "c’est de rendre les financements privés rentables", indique le ministre ajoutant la nécessité de fixer un prix au carbone.
-La troisième priorité de la France est la lutte contre le financement du terrorisme. Outre la lutte de certains pays contre le financement des grands réseaux terroristes, Michel Sapin propose un financement des actions anti-terroristes, à travers de petits mouvements, des versements en cash.
L’affaire du "SwissLeaks"
Le ministre des finances n’a pas manqué d’évoquer l’affaire du "SwissLeaks" qui fait beaucoup de bruit en ce moment. "Une cinquantaine de pays ont déjà accepté l’échange automatique d’informations sur les comptes bancaires à partir de 1er janvier 2017", a déclaré Michel sapin. Sachant que les sommes en jeux sont assez considérables, le ministre laisse entendre que les procédures se poursuivraient jusqu’au bout. "Mais il faut désormais aussi s’attaquer à l’optimisation fiscale des grandes entreprises, notamment du numérique", souligne-t-il. Parce que cette préoccupation est aujourd’hui partagée comme aux États-Unis, "nous allons pouvoir être efficaces" estime le ministre. Il a ensuite conclu en prévenant qu’il ne tolérerait aucune implantation à l’étranger à des fins d’optimisation fiscale.