La gare Montparnasse à Paris a été paralysée des heures durant mardi sur les grandes lignes par plusieurs centaines d’infirmiers anesthésistes en grève venus de toute la France, qui ont occupé les voies pour demander une reconnaissance de leur spécialité au niveau master.
PARIS (AFP) - La gare Montparnasse à Paris a été complètement paralysée mardi durant plusieurs heures par des centaines d’infirmiers anesthésistes en grève venus de toute la France, qui ont occupé les voies pour demander une reconnaissance de leur spécialité au niveau master.
Au total, plus de 60 TGV et plus d’une centaine de TER et transiliens ont été affectés par l’action surprise des manifestants, surgis vers 13H00 dans la gare. Certains trains au départ de Montparnasse ont été annulés. Ceux qui arrivaient de province se sont arrêtés en gare de Massy TGV, les voyageurs devant emprunter le RER C pour finir d’arriver à Paris.
Le trafic n’a repris que progressivement en début de soirée, avec plus d’une heure et demi de retard sur les lignes de banlieue (transilien) et sans garantie de départ dans la soirée pour les voyageurs du TGV Atlantique.
La compagnie ferroviaire a porté plainte pour "entrave à la circulation des trains", affirmant que "près de 100.000 voyageurs" au total ont été "impactés".
Après l’évacuation des voies, les manifestants se sont rendus en début de soirée sous les fenêtres de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. La manifestation s’est dispersée vers 20H30, a constaté une journaliste de l’AFP.
Les infirmiers anesthésistes avaient initialement prévu de manifester de Denfert-Rochereau au ministère, mais le défilé est sorti de son cadre.
Apprenant qu’ils ne seraient pas reçus par le cabinet de Mme Bachelot, les manifestants (1.200 selon la police et 2.500 à 3.000 selon les syndicats) se sont rués dans la gare Montparnasse.
Vêtus de leurs blouses bleues, quelques centaines d’entre eux se sont postés pendant cinq heures sur les voies, à 500 mètres des quais, bloquant des milliers de passagers.
"Epidémie de Bachelot-entérite dans les blocs opératoires" ou "Bras de Morphée en grève" pouvait-on lire sur les pancartes des infirmiers qui ont fait face à un escadron de 80 gendarmes mobiles.
"Nous demandons une revalorisation de notre spécialité pour les deux années d’étude de plus que nous réalisons", a expliqué Jean-Luc Bouschet, 46 ans, infirmier anesthésiste diplômé d’Etat (IADE) au Samu de Toulouse.
"Nous avons beaucoup de responsabilités puisque nous pouvons pratiquer quasiment tous les actes d’anesthésie sous responsabilité du médecin anesthésiste" dans les blocs opératoires, a-t-il ajouté, soulignant qu’en début de carrière, le salaire est de 1.680 euros net et 2.610 euros net en fin de carrière.
Les manifestants demandent la reconnaissance au niveau master (bac+5) de leur spécialité par le ministère de la Santé, avec revalorisation salariale à la clé. Ils s’estiment lésés par le protocole Bachelot de février qui a accordé une revalorisation à bac+3 aux infirmières généralistes.
Les 7.500 infirmiers anesthésistes en France rappellent qu’ils suivent cinq ans d’études : trois en formation initiale pour le diplôme d’Etat puis après deux années d’exercice du métier, deux nouvelles années de formation.
Lors de l’évacuation, deux personnes ont été blessées : une manifestante et un gendarme mobile.
"On a reçu une proposition de deux dates de réunion en juin sans ordre du jour. Pour avancer ce n’est pas une table ronde que nous voulons mais une négociation", a indiqué Sylvie Breuil de l’UFMICT-CGT.
Dans toute la France, il y avait 80 à 100% de grévistes selon les syndicats et 64,7% selon le ministère.
Le mouvement de protestation, à l’appel des trois principaux syndicats (le Syndicat national des infirmiers anesthésistes, la CGT et Sud), dure depuis mars.