"Notre vie s’en est trouvée bouleversée" : dix ans après l’accident du Concorde à Gonesse qui a fait 113 mort, le drame et la tristesse des familles des victimes étaient palpables mardi au tribunal de Pontoise.
PONTOISE (AFP) - "Notre vie s’en est trouvée bouleversée" : dix ans après l’accident du Concorde à Gonesse qui a fait 113 mort, le drame et la tristesse des familles des victimes étaient palpables mardi au tribunal de Pontoise.
Le procès de l’accident du supersonique le 25 juillet 2000 a ainsi retrouvé une forme d’humanité, après des semaines de débats extrêmement complexes et techniques.
Stéphane Garcia a perdu son frère Hervé, stewart de 33 ans. "Je suis là sans haine ni colère, mais avec la volonté de comprendre", a-t-il déclaré à la barre. Très ému il a tenu a évoquer les familles des personnes tuées absentes du procès.
"Absence ne signifie pas indifférence, certains vont tous les jours sur la tombe de leurs proches", a-t-il expliqué, la voix tremblante, lors des témoignages des parties civiles.
"L’émotion est bien présente chaque 25 juillet. Les indemnisations ne retirent rien à la douleur des proches", a souligné M. Garcia en lisant un texte. Sur les bancs du tribunal, sa mère, les yeux rougis, a refusé de parler. "Ce n’est pas le procès d’un mythe ou du passé, c’est le procès d’un accident aérien", a asséné son fils, Stéphane Garcia.
"Depuis le 25 juillet 2000, on peut qualifier la peine des familles, elle est majeure, +major, in English+", a-t-il conclu vraisemblablement à l’adresse des membres de la compagnie américaine Continental Airlines sur le banc des prévenus.
Et puis vient le témoignage du fils du commandant Christian Marty, le pilote du Concorde. "J’aimerais évoquer la passion qu’il avait pour cet avion. C’était toute sa vie", explique Jérôme Marty venu "défendre (son) père".
Digne, dans un costume gris sombre, le jeune homme se souvient du jour de l’accident : "Je n’y ai pas cru (...) Mon père était pour moi un des meilleurs pilotes du monde".
Christian Marty était aussi un sportif de haut niveau. Il a été le premier à traverser l’Atlantique en planche à voile en 1982. C’est avec la même concentration que le pilote préparait ses vols, selon son fils, qui se souvient de son "professionnalisme".
"On se moquait de lui lorsqu’il rentrait de formation avec ma mère et ma soeur. Il nous lisait les courbes et graphiques, on avait l’impression de faire la formation avec lui", sourit M. Marty.
"Il avait conscience de la technicité de cet avion, il s’était totalement investi. A aucun moment il n’a subi cet avion", a tenu à rappeler le fils du pilote. Un instructeur avait écrit de lui que "contre vents et marées, il se sort de tout mauvais pas", se rémémore Jérôme Marty.
A son tour, Patrick Tesse, 59 ans, ancien propriétaire de l’hôtel voisin de celui sur lequel le Concorde est tombé, s’avance à la barre.
En quelques minutes, il raconte l’avion qui s’écrase à quelques mètres de son hôtel Les Relais Bleus, "le mur de flammes", la "chaleur incroyable", "les explosions et projections de métal".
Patrick Tesse a tout perdu. Il a sombré dans une dépression qu’il soigne encore aujourd’hui. Il souhaite désormais que sa "souffrance soit reconnue".
Les débats doivent reprendre mercredi avec l’audition de la famille du couple Schranner, une des rares familles allemandes parties civiles. Parmi ces parties civiles, il y a peu de familles de passagers, la grande majorité d’entre elles ayant renoncé à toute poursuite après avoir touché une forte indemnisation.
La fin du procès est prévue le 28 mai.