Hier, à la veille de l’énoncé du verdict, Anthony Draoui, a raconté comment il a tué Marie-Jeanne Meyer. L’accusé reconnaît avoir démembré la lycéenne. Cette jeune fille d’origine réunionnaise était âgée de 17 ans lorsqu’elle a été tuée le 18 juin 2011.
C’est sans émotion et emmêlé dans ses contradictions qu’Anthony Draoui a raconté, hier, devant les assises de Privast la manière dont il a tué la jeune joggeuse d’origine réunionnaise, Marie-Jeanne Meyer. L’ancien marginal de 22 ans a détaillé la succession des événements du 18 juin 2011. Selon sa version des faits, il a rencontré la victime en train d’admirer un point de vue sur les hauteurs de Tournon, à une heure de marche du campement de fortune où il vivait depuis deux mois.
Il « engage la conversation » et ils se « promènent pendant près d’une heure ». Elle lui demande « de la raccompagner chez elle », mais « accepte » en chemin de visiter son campement, où, lui dit-il, il veut « construire une maison en pierre ». Ce que contestent les parties civiles qui avancent qu’elle l’a suivi sous la contrainte.
Draoui dit avoir « essayé de l’embrasser » à deux reprises sous la tente. « Elle m’a repoussé » poursuit-il. Se sentant « humilié, rejeté, abandonné », il prend un couteau. « J’ai vu la peur sur son visage et elle a essayé de le prendre », raconte-t-il. « Alors je l’ai frappée au visage et je l’ai frappée trois fois avec le couteau. Elle a crié et j’ai vu du sang sur ma main ».
Le président demande alors s’il se sentait menacé. « J’ai vu la peur dans ses yeux et ça m’a fait peur », répète-t-il, ajoutant : « Je n’étais pas conscient de ce que je faisais, car j’étais en train de mourir de faim et de froid ». Mais il nie l’avoir frappée avec une barre de fer, alors que les experts évoquent « de multiples coups » et « plusieurs fractures » à la tête.
« J’en suis sûr maintenant, elle n’avait pas de blessures » à la tête, assure-t-il en revenant sur ses déclarations devant le juge d’instruction. Selon lui, ce sont les pierres jetées sur le cadavre qui ont provoqué les fractures.
Draoui a toutefois reconnu avoir démembré la jeune lycéenne, ce qu’il a toujours nié : « Il est possible que je l’aie fait, les psychologues m’ont dit que c’était possible que je ne m’en souvienne pas, j’ai entendu les déclarations des experts », a-t-il affirmé. Avant-hier, l’un d’eux avait souligné à la barre que « la symétrie des lésions » sur le corps mutilé « rendait improbable l’hypothèse d’une fracture par chutes de pierres ».
« Mais je suis sûr que je l’ai pas fait, maintenant je l’exclus », s’est empressé d’ajouter l’accusé. Il explique avoir ensuite traîné le corps dans la fosse, emportant la tente et avoir « commencé à jeter des pierres pour l’enterrer », puis avoir « changé d’avis ». « Je voulais que ça n’existe plus, que ça disparaisse », dit-il, ajoutant avoir « découpé un morceau de tee-shirt de Marie-Jeanne » et y avoir mis le feu.
Il alimentera le foyer avec du désherbant et des branchages pendant plusieurs heures, avant de recouvrir la fosse avec 7 m3 de pierres. Un habitant de Tournon a aperçu au loin les lueurs des flammes, ce qui permit finalement aux enquêteurs de découvrir le lieu du drame, trois jours plus tard.
Très émus à la barre, des professeurs de la victime ont évoqué une « lycéenne brillante », « discrète », une « élève modèle », qui allait passer son bac de français. « C’est impensable qu’elle ait suivi ce jeune homme dans sa tente », a déclaré Florent Pretseille.
Dans le box, l’accusé semble absent. Sauf lorsque le petit ami de la victime l’injurie, aussitôt arrêté par le président de la cour. « On ne demande pas pardon pour avoir tué quelqu’un, la meilleure manière de s’excuser, c’est de payer », a déclaré Draoui.