Le gouvernement de Dacca a mené depuis le mois de mai une guerre extrêmement violente contre la drogue. Une organisation locale de défense des droits de l’homme a alerté l’opinion publique sur les conséquences de cette campagne "meurtrière".
Au total, entre 250 et 300 millions de méthamphétamine appelées "yaba" seraient entrées au Bangladesh l’an dernier. Pour mettre fin au trafic de drogue, la Première ministre Sheikh Hasina a promis une guerre "sans précédent". La campagne rappelle fortement la "guerre contre la drogue" menée aux Philippines par le président Rodrigo Duterte, qui aurait fait 12 000 morts en un peu moins de deux ans.
Selon l’ONG bangladaise Ain o Salish Kendra, la campagne menée par le gouvernement est synonyme de massacre. "C’est sans précédent au Bangladesh. Tant de personnes tuées dans un laps de temps si court", a déclaré à l’AFP Sheepa Hafiza, directrice exécutive de l’ONG. En effet, en deux mois, 200 personnes ont été tuées et 25 000 autres arrêtées. "C’est extrêmement malheureux. Nous condamnons ces exécutions extra-judiciaires et demandons des enquêtes équitables pour chacune des morts", a-t-elle ajouté. La Commission des droits de l’homme du Bangladesh s’est dite également très préoccupée par la situation et opposée à toute exécution extrajudiciaire.
Malgré la dénonciation de certaines ONG, le gouvernement bangladais compte faire durer cette "guerre". Des associations de défense des droits de l’homme affirment que certaines victimes n’ont en fait rien à voir avec le trafic de drogue. Mais les autorités affirment que les présumés trafiquants tués sont impliqués dans au moins 10 crimes liés aux stupéfiants. En juin, l’ONU s’est également inquiétée de la situation au Bangladesh appelant les autorités au respect de la règle de la loi. "Cette guerre continuera jusqu’à ce que la situation soit sous contrôle", avait déjà répété en mai le ministre bangladais de l’Intérieur Asaduzzaman Khan.