Dans un rapport publié par Amnesty International, l’Etat islamique est accusé d’exécutions de masse. Cet organisme de préciser que l’EI mène "une campagne systématique de nettoyage ethnique".
Amnesty International sort son rapport en charge contre l’Etat islamique et affirme détenir des preuves sur plusieurs “tueries de masse” qui ont eu lieu en août dans la région de Sinjar en Irak, où vivaient des Yazidis, une minorité kurdophone non musulmane. D’après cette ONG sur les sources du Figaro, le groupe terroriste qui contrôlait de pans entiers de territoire en Irak et en Syrie, et ce, depuis son offensive du 9 juin, mène "une campagne systématique de nettoyage ethnique" dans le nord de l’Irak, lieu où près de 700 000 déplacés se sont abrités.
Amnesty International dénonce particulièrement les exécutions de masse suite aux témoignages "horrifiques" de survivants. Amnesty révoque les "crimes de guerre, notamment des exécutions sommaires de masse et des enlèvements" orchestrées par les djihadistes et ayant "systématiquement" pour cibles les minorités du Nord irakien, dont les chrétiens, les Turcomans chiites et les Yazidis.
En ce qui concerne les preuves sur les "tueries de masse" et les milliers d’enlèvements dans la région de Sinjar, Amnesty International les a synthétisées dans son rapport intitulé "Nettoyage ethnique dans des proportions historiques". D’après le rapport publié par cet organisme, les deux attaques les plus meurtrières ont eu lieu les 3 et 15 août dans les villages de Qiniyeh et Kocho. Lors de ces affrontements, le nombre de victimes atteignait la barre des centaines. Salem, un des survivants, a raconté son calvaire en affirmant qu’il restait dans sa cachette pendant douze jours avant de pouvoir prendre la fuite, entendant la mort des victimes du massacre. Said, quant à lui, a affirmé qu’il était touché par cinq balles et a pu survivre alors que sept de ses frères sont décédés.
Lundi dernier, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a pris une décision unanime d’envoyer une mission d’enquête sur place dans la perspective d’une résolution. Au cours des prochaines semaines, onze enquêteurs sur place devront réunir suffisamment de preuves afin de pouvoir entamer d’éventuelles poursuites judiciaires devant un tribunal, comme la Cour pénale internationale (CPI).
"Les rapports que nous avons reçus révèlent des actes à une échelle d’inhumanité qui est inimaginable", a indiqué Flavia Pansieri, Haut-Commissaire adjointe de l’ONU aux droits de l’homme en évoquant les assassinats ciblés, les conversions forcées, les enlèvements, les différentes formes d’esclavage, de torture ainsi que la persécution systématique pour des raisons religieuses et ethniques. D’après l’ONU, qui s’oppose aux crimes de guerre, à celles contre l’humanité et notamment au "nettoyage ethnique et religieux", les chrétiens, les Yazidis, les Shabaks, les Turcomans, les Kakaï et les Sabéens sont "directement ciblés".
De leur côté, l’armée irakienne et des forces kurdes poursuivent leur contre-offensive qui ne cesse de s’intensifier. Pas plus tard que lundi dernier, ils ont pris possession de Souleimane Bek, situé à 175 km au nord de Bagdad, puis du village proche de Yankaja. "En quelques heures nous avons réussi à sécuriser complètement Souleimane Bek, qui était aux mains des insurgés depuis onze semaines", a annoncé le commandant de la milice chiite Badr, Hadi al-Ameri à l’AFP sur les informations reprises par Le Figaro. Fier de ces exploits, le Premier ministre sortant Nouri al-Maliki n’a pas manqué de mentionner que l’Irak se transformerait en un "cimetière" pour les jihadistes, lors d’une visite à Amerli.
Dans la journée du dimanche, les combattants kurdes avec l’appui de l’armée irakienne ont détruit le siège imposé depuis le 18 juin par les jihadistes à la ville turcomane chiite d’Amerli. Lundi, un convoi de miliciens a été reçu dans la ville par des acclamations et des tirs de joie. Toutefois, au moment de distribuer les vivres, des batailles ont éclaté entre des habitants affamés. Pendant des semaines, ces derniers étaient privés d’eau, de nourriture et de médicaments par le siège. Sachant qu’aucun bilan précis des pertes humaines n’a été sorti depuis le début de l’attaque des jihadistes. L’ONU a affirmé lundi qu’au moins 1 420 personnes ont trouvé la mort et 1 370 blessées lors des violences en août.