Luka Rocco Magnotta, accusé d’avoir tué avec préméditation et dépecé son ex petit ami, a plaidé non-coupable lundi à l’ouverture de son procès. Son avocat compte faire valoir sa démence.
Le procès est prévu durer tout l’automne, rapporte aujourd’hui Libération. L’enjeu est d’établir si oui ou non cet acteur de porno a agi ou avec « l’état d’esprit requis » pour être considéré comme maître de ses actes, a expliqué le juge Guy Cournoyer aux douze jurés.
Le juge a indiqué en préalable que Magnotta, âgé de 32 ans, avait « reconnu les faits » lors de l’enquête menée en vue du procès de l’une des affaires criminelles les plus sordides de l’histoire du Canada. Il sera confiné dans une cellule vitrée, dans une très petite salle d’audience ne pouvant accueillir que 13 spectateurs : cinq personnes du public, cinq journalistes, le père de la victime Lin Jun, ainsi que son avocat et son interprète.
Magnotta risque la prison à vie. L’accusation compte mettre en lumière que ce crime était « planifié et délibéré », en gestation depuis au moins six mois, soit dès décembre 2011 selon Louis Bouthillier, le procureur de la Couronne représentant la partie civile. Me Bouthillier va faire témoigner Alex West, un journaliste britannique du London Sun qui avait rencontré l’accusé fin 2011 lorsqu’il enquêtait sur l’origine d’une vidéo diffusée sur internet montrant des chatons se faire dévorer par un boa. Le journaliste va lire des courriels dans lesquels Magnotta lui écrit qu’il va commettre un meurtre et le filmer, a ajouté Me Bouthillier.
Luc Leclair, l’avocat de Luka Rocco Magnotta, entend prouver que son client souffrait de problèmes de santé mentale au moment de commettre le meurtre et que la non-responsabilité devrait être établie. Un rapport montrant que Magnotta souffrait de schizophrénie à l’âge de 19 ans, trouble dont souffrait aussi son père, devrait être soumis par la défense. L’accusé souffrait de « trouble de personnalité limite » selon l’avis d’un psychiatre en avril 2012, un mois avant le meurtre, a affirmé Me Leclair.
Magnotta est accusé d’avoir tué chez lui avec un pic à glace son ancien petit ami, Lin Jun. Il est aussi poursuivi pour atteinte à l’intégrité d’un cadavre pour l’avoir découpé, diffusion de matériel obscène, pour avoir diffusé une vidéo du meurtre sur internet, pour avoir envoyé par courrier des morceaux du cadavre, et pour avoir harcelé le Premier ministre canadien Stephen Harper et des députés.
Le père de la victime, décidé à suivre le procès, s’est présenté à la presse hier. Son avocat a affirmé qu’il ne s’exprimera qu’après l’énoncé du verdict et qu’il s’apprête à vivre des semaines « pénibles ». « Cela ne va pas s’améliorer pour lui. Il va trouver certaines réponses à ses questions, mais je ne crois pas que cela pourra effacer le traumatisme qu’il vit tous les jours », a déclaré Me Daniel Urbas.
Magnotta est accusé d’avoir envoyé par colis postal au siège du Parti conservateur canadien et à celui du Parti libéral, à Ottawa, ainsi qu’à deux écoles de Vancouver les pieds et les mains de la victime. La tête n’avait été retrouvée qu’en juillet 2012 dans un parc de Montréal.
L’accusé avait été arrêté à Berlin, où il avait fui le 4 juin 2012.