François Hollande a détaillé les mesures qui seront entreprises par le gouvernement et fixé le calendrier des réformes à venir. Le président s’est engagé à "redresser la France" d’ici 2014.
Alors qu’il ne cesse de dégringoler dans les sondages d’opinion, l’intervention du président de la République hier soir sur TF1 était très attendu. François Hollande a fait plusieurs annonces qui étaient pour la plupart attendues, avec deux principaux objectifs : la lutte contre le chômage et la baisse du déficit de l’Etat.
Fiscalité :
Pour tenter de renflouer les caisses de l’Etat "30 milliards devront être trouvés", estime François Hollande. Ainsi, il annonce tout d’abord, "10 milliards d’économies mais en épargnant l’éducation, la sécurité et la justice. Tous les autres ministères seront mis à contribution". Ensuite, "10 milliards de prélèvement supplémentaires sur les entreprises. Les avantages fiscaux dont avaient bénéficié les grandes entreprises ces dernières années seront rabotés" et finalement "10 milliards" qui seront demandés "aux ménages, aux plus favorisés notamment".
Il ajoute que la taxation à 75% des hauts revenus sera bien mise en place. "Toutes les rémunérations supérieures à 1 million d’euros, à partir d’un million d’euros, seront taxées à 75 %" et "cela durera le temps du redressement, deux ans normalement. Il n’y aura pas d’exceptions. 2 à 3 000 personnes seront concernées".
Il a par ailleurs ajouté au sujet de la demande de nationalité belge de Bernard Arnault, que le patron de LVMH "a dit lui-même qu’il prendrait sa part, qu’il donnerait sa contribution : ce n’est pas la mesure des 75% qui est en cause et ceux qui ont voulu en faire une polémique en sont pour leur frais".
En ce qui concerne le gel du barème de l’impôt sur le revenu, François Hollande précise qu’il "restera gelé mais qu’il y aura un système de décote pour les deux premières tranches, pour ceux qui ont le moins de revenu".
Emploi :
Pour faire face à la hausse du nombre de demandeurs d’emploi, qui a franchi la barre symbolique de 3 millions, François Hollande a rappelé ses engagements notamment avec les contrats d’avenir et les contrats de génération ouverts à "toutes les entreprises".
Mais il estime devoir "réformer le marché du travail, pour que ce soit plus souple et en même temps plus protecteur. Que les procédures de licenciements soient évitées dès lors que c’est anticipé". Il envisage par ailleurs la possibilité de "recourir au travail partiel en cas de période difficile. Mais cela se fait avec le dialogue social".
Croissance :
Sur la croissance pour 2013, le président de la République s’est montré réaliste jugeant que la prévision de 1,2% sera revue à la baisse, "je ne veux pas que l’on puisse imaginer que l’Etat prépare son budget avec des hypothèses qui se révéleraient fausses". Ainsi, "le budget 2013 sera établi avec une prévision du taux de croissance, probablement 0,8 %. J’espère que nous ferons plus, mais nous travaillons sur cette hypothèse".
Redressement de la France :
Le chef de l’Etat s’engage à apporter les réformes nécessaires pour redresser la barre et inverser la courbe du chômage, "je vais m’engager pleinement dans la bataille que j’ouvre contre le chômage et la dette". Il rappelle son engagement envers les Français, "j’ai demandé une présidence qui soit exemplaire, simple, proche mais en même temps, je suis pour une présidence d’action et de mouvement" et d’ajouter sur un ton plus solennel, "je le dis aux Français : j’assumerai toute la responsabilité, je m’expliquerai régulièrement devant les Français".
L’action gouvernementale :
François Hollande assure que le gouvernement n’a pas perdu de temps et qu’il a travaillé pour apporter des réponses concrètes aux Français. Le chef de l’Etat comprend néanmoins qu’il y a "de l’attente avec l’alternance, il y a de l’inquiétude avec le chômage qui augmente, la croissance en berne. Le gouvernement n’a pas perdu son temps, il a agi rapidement sur le pouvoir d’achat, la rentrée scolaire, l’encadrement des loyers, le prix de l’essence, même si c’est certes insuffisant".
Il a rendu hommage à son Premier ministre, "Jean-Marc Ayrault est un homme sérieux, respectueux, avec qui j’ai toujours travaillé en bonne intelligence. Je n’ai jamais considéré que le Premier ministre devait être un collaborateur. Mais je ne me défausse pas sur le Premier ministre, je suis responsable".
Sur les couacs et les recadrages de certains ministres, il ajoute qu’il y a toujours "des dissonances dans un gouvernement, mais il faut les réduire (...) sur les 16 ministres pleins, seuls 5 avaient exercé des fonctions dans un gouvernement, et ce il y a plus de dix ans. Il y a eu des ajustements, c’est normal".
Sources : Le Monde, Le Figaro, France Info