Etait-ce aux collectivités locales d’intervenir dans la baisse des prix des carburants et des produits de première nécessité ? A cette question, le PCR répond non. Invité sur le plateau d’Antenne Réunion ce mercredi, le Vice-Président du Conseil Général Pierre Vergès a livré son analyse de la situation. Pierre Vergès a dénoncé la gestion de la crise par le Département. Il considère que le Conseil Général assume des compétences qui incombent en réalité à l’Etat.
Avez-vous l’impression que les différents partenaires ont acheté la "paix sociale" ?
Pierre Vergès : Je pense qu’on a surtout raté un rendez-vous important, depuis plusieurs mois. Il aurait fallu faire des Etats Généraux de l’urgence sociale pour écouter la population. Les demandes sociales sont fortes parce qu’on a une population qui est à 60% pour les jeunes au chômage, éligible au Pôle Emploi. Il n’y a pas que des jeunes. Il y a beaucoup de gens qui même, lorsqu’ils travaillent, n’ont pas les moyens de joindre les deux bouts. A ce titre, on aurait vu que le Département comme la Région et les communes ont à assumer un certains nombre de compétences de par la Loi, qui ne sont pas suffisamment remplies parce qu’on est en retard de développement et qu’il n’y a pas suffisamment de leviers fiscaux. Ce n’est donc pas aux collectivités de supporter ce qui incombe à l’Etat.
Vous parlez de l’Etat. Il n’a plus de crédits. Est-ce qu’on peut donc compter sur lui alors que les caisses sont vides ?
Pierre Vergès : L’Etat a des crédits pour la Guadeloupe, notamment pour les 200 euros pendant une certaine période. Dispositif mis en place en attendant de trouver d’autres solutions. Il a des crédits pour Mayotte, pour les Mahorais. Mais pour les Réunionnais, il lui manque quelques dizaines de millions d’euros. C’est ça la grande différence ; c’est ça le principe d’égalité à la mode Sarkozy.
Sur le plateau d’Antenne Réunion, la Présidente du Département Nassimah Dindar s’est défendue en expliquant avoir répondu du mieux qu’elle pouvait à l’urgence sociale. Que lui reprochez-vous exactement ?
Pierre Vergès : D’abord, je ne suis pas venu avec un chéquier car ce n’est pas de l’argent qui m’appartient, c’est l’argent des Réunionnais.
Qu’est-ce qui ne correspond pas, selon vous, aux compétences du Conseil Général ?
Pierre Vergès : Intervenir sur un certain nombre de domaines, que ce soit par exemple sur la tarification de l’électricité. Cela devrait incomber au titre de la solidarité nationale, dans la situation sociale que l’on connaît, à l’Etat. Il y a beaucoup de gens qui souffrent de problèmes de réhabilitation de leurs logements, il faut des aides pour les plus démunis, et puis il y a le problème des planteurs qui manifestent car il y a des problèmes d’alimentation en eau, que leur bétail souffre, et qu’il n’y a plus de fourrage. Ces dossiers là relèvent de la compétence du Département. Alors concentrons nous sur ce qu’on doit faire pour ne pas avoir à dire demain, comme l’Etat, "il n’y a plus d’argent".
Y-a-t-il rupture aujourd’hui au sein de la Majorité du Conseil Général ?
Pierre Vergès : ce que je souhaite, c’est qu’il n’y ait pas une commission permanente pour discuter en misouk mais plutôt une assemblée plénière qui pourrait se réunir en urgence, pour qu’on prenne nos responsabilités devant la population. Sur ce plan, c’est vrai qu’il y a rupture de la déclaration de mandature de Madame Dindar qui disait "Nous devons nous concentrer sur nos compétences".
Retrouvez dans la vidéo jointe l’intégralité des propos de Pierre Vergès, Vice-Président du Conseil Général (Alliance-PCR).