Dimanche à Yaoundé, un enseignant volontaire à l’université protestante de la capitale a été tué à l’arme blanche à son domicile.
Un ressortissant français nommé Eric De Putter et âgé de 31 ans, a été tué dimanche soir à son domicile du campus de l’université protestante d’Afrique centrale. Il était docteur en théologie et volontaire de solidarité internationale dans cette université.
« Dimanche soir, il était chez lui, en compagnie de son épouse (d’origine camerounaise) et de leur enfant. Quelqu’un a frappé à la porte. Lorsqu’il a ouvert, le visiteur l’a poignardé à deux reprises », avant de prendre la fuite, a raconté une source policière sur TV5. Sous couvert d’anonymat, le policier a déjà évoqué la piste d’un règlement de compte.
Une thèse que confirme ce mercredi un correspondant du quotidien en ligne africatime.com. Selon ce journaliste, la victime détenait des éléments sensibles qu’il prévoyait de remettre à sa hiérarchie une fois qu’il rentre à Paris (13 juillet). Des informations qui pourraient nuire à certaines personnes et que l’enseignant allait dévoiler au grand jour à travers son rapport. Des personnes de son entourage auraient d’ailleurs affirmé qu’il n’ « avait pas la langue dans sa poche ».
Dans Le Parisien, certaines d’entre elles ont fait part d’une ambiance « délétère » entre la victime et les responsables de l’université.
« A plusieurs reprises Eric s’est senti menacé. (...) Il voulait revenir, car cela ne se passait pas bien », a raconté Diane Thevenon, une de ses amies. « Sur place il avait donné une fausse date de départ avancée d’une semaine », poursuit à son tour Jean-Luc Blanc responsable des églises protestantes Defap pour laquelle l’enseignant était volontaire.
Trois jours après le meurtre, la police de Yaoundé n’a pas encore procédé à une arrestation même si elle a déjà interrogé des voisins et des responsables au sein de l’université.
De leur côté, les autres ressortissants français qui résident au Cameroun n’ont pas caché leur inquiétude. Outre la question de sécurité, ils craignent également que ce nouveau meurtre ne finisse au point mort comme c’était le cas lors des deux précédentes affaires ayant concerné deux des leurs.
En janvier 2007, Laurence Vergne, une jeune chercheuse en biologie, a été abattue à bord de son véhicule d’un coup de fusil. L’enquête policière n’a jamais donné de suite à cette affaire.
Puis en mai dernier, un autre Français dénommé Roger Plantadis, avait été tué à coup de machette à Douala, la capitale économique du Cameroun. Mais jusqu’ici, aucune arrestation n’a eu lieu.
« Le décès tragique de M. de Putter a choqué » la communauté française, admettait Bruno Gain, l’ambassadeur de France au Cameroun. Mais même si l‘insécurité est grandissante dans le pays, « aucun élément ne permette d’affirmer que les Français sont en danger au Cameroun ou qu’on s’en serait pris à M. De Putter du fait qu’il était Français », a-t-il assuré.
La communauté étrangère observe toutefois une certaine vigilance. Certains se demanderaient s’il y a un sentiment anti-français au Cameroun. « Je ne le pense pas », réplique Charlotte Epaka, une Française installée au pays depuis déjà 8 ans.