L’ancien curé de la paroisse de Sainte-Marie comparaît à partir d’aujourd’hui devant la cour d’assises pour les viols présumés d’un jeune enfant de choeur de âgé de14 ans entre 2008 et 2009. L’ex homme d’église encourt jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle.
Ce jeudi, un ancien prêtre doit s’expliquer devant la justice pour des faits présumés de viols, d’agressions sexuelles et d’attouchements. Une première historique à la Réunion. L’affaire Jacky Hoarau a fait l’effet d’une véritable onde de choc dans la communauté catholique de l’île. A l’époque, Monseigneur Gilbert Aubry a qualifié cette affaire de la "« pire crise que le diocèse ait eu à passer depuis l’époque coloniale » (cf linfo.re : "Mgr Aubry entendu comme témoin dans l’affaire de Jacky Hoarau).
L’affaire démarre le 8 janvier 2010. A l’époque, la chute des résultats scolaires de son garçon alerte sa mère. L’adolescent, jeune enfant de choeur à la paroisse de Sainte-Marie, âgé de 14 ans au moment des faits, finit alors par confier sa mère le calvaire qu’il subit. Régulièrement, après la messe du samedi et du dimanche, le prêtre Jacky Hoarau lui aurait imposé des actes sexuels. Il aurait commencé par l’embrasser en évoquant le baiser des apôtres, avant de lui imposer des faveurs sexuelles, notamment des fellations. Prenant conscience de la gravité des faits, la mère fait un premier signalement à l’évêché, puis le parquet de Saint-Denis se saisit de l’affaire.
Une plainte est déposée et le prêtre et le jeune garçon sont alors entendus par les enquêteurs. L’adolescent livre alors le récit des actes sexuels auxquels ce prêtre le forçait. Honteux, il a gardé le silence sur ces viols. Jacky Hoarau avait la confiance de cet enfant de choeur, qui le considérait comme "un dépositaire de la parole de Dieu". De son côté, l’accusé reconnaît avoir entretenu des relations d’ordre sexuel -"essentiellement des fellations", mais nie les viols. L’engrenage judiciaire se met alors à l’oeuvre et le père Jacky Hoarau est mis en examen pour "viols sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité".
Le 3 février 2010, le curé très apprécié de Sainte Marie dort en prison (cf linfo.re : le curé Jacky Hoarau sous les verrous). A l’époque, son avocat, Maître Jean-Pierre Gauthier estime qu’on ne peut pas parler de "pédophilie" mais "d’une complicité qui a dérapé". Depuis cette sombre affaire, Jacky Hoarau a démissionné de ses fonctions religieuses et a exprimé des regrets selon les dires de son avocat. Six mois après son incarcération, Jacky Hoarau est remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire en attendant son procès.
Séropositif depuis plus de 20 ans, Jacky Hoarau a avoué ne pas avoir utilisé de moyens de protection lors des différents rapports sexuels qui l’a entretenu avec la victime (cf linfo.re : le père Jacky Hoarau est séropositif). Mais le dépistage du VIH de l’enfant révèle qu’il n’a pas été contaminé par le virus du sida.
Lorsqu’elle est révélée, l’affaire fait l’effet d’une bombe. Les fidèles de Sainte-Marie, très attachés à leur curé, sont consternés. Certains l’apprécient tellement qu’ils en viennent à mettre en doute la parole du jeune garçon. L’évêché ne cache pas son indignation, et exprime son soutien à la victime. Ce jeudi, l’église qui a décidé de se porter partie civile, sera aux côtés de la victime.
Pour le jeune enfant de choeur, aujourd’hui lycéen, ce procès s’annonce particulièrement éprouvant. Selon son avocat Maître Olivier Chopin, qui compte demander un huis clos, le jeune homme est prêt à affronter cette nouvelle épreuve pour obtenir des réponses sur le comportement du prêtre. Jacky Hoarau sera quant à lui défendu par le bâtonnier Georges André Hoarau. L’avocat Maître Vincent le Pannerer représentera l’accusation, et Maître Jean-Jacques Morel, Maître Chendra Kichenin et Maître Olivier Chopin pour les parties civiles.
Devant la cour d’assises pour ce procès qui se tiendra sur deux jours, Jacky Hoarau devra tenter d’expliquer ses relations avec le jeune enfant de choeur. L’ancien prêtre encourt jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle.