Des fraudes informatiques ont entaché l’examen du baccalauréat aux Comores. 43 élèves auraient été "déclarés admis" avant même la fin des corrections, selon les syndicats locaux qui bloquent la proclamation des résultats.
« Une quarantaine d’élèves ont été frauduleusement introduits dans l’ordinateur et déclarés admis, certains avec mentions, alors que les corrections n’étaient pas terminées », s’insurge Farid Msahazi, secrétaire national du syndicat national des professeurs comoriens (SNPC).
Les correcteurs du baccalauréat aux Comores refusent de publier les résultats en attendant que ces soupçons de fraudes soient tirés au clair. Le syndicat des enseignants a porté plainte contre X, estimant qu’il ne s’agit pas de cas isolés.
« Il y a toujours eu des fraudes, fuite des sujets ou manipulation des notes, mais c’est la première fraude informatique connue. Elle a été découverte en Grande-Comore, mais rien n’assure qu’elle ne s’est pas produite sur les autres îles », affirme le responsable syndical Farid Msahazi.
« Pas de délibérations ni de proclamation des résultats du bac tant que cette affaire ne sera pas réglée et les responsables connus et sanctionnés », insiste Moussa Mfougoulié, secrétaire général du SNPC de la Grande-Comore.
Le parquet de la République de Moroni a ouvert une enquête autour de cette affaire. Deux suspects, dont l’informaticien de l’Office des examens ainsi qu’un fonctionnaire du commissariat à l’éducation ont déjà été auditionnés par les enquêteurs de la gendarmerie. Mais aucune sanction n’a été prise contre eux, selon Le Nouvel Observateur.
Pour les syndicats, ces fraudes seraient l’œuvre d’« un réseau motivé par l’argent ». Chaque élève sur les 43 incriminés aurait été frauduleusement « déclaré admis » en échange d’une somme de 200.000 à 250.000 francs comoriens (entre 400 et 500 euros).
Le quotidien local Alwatwan rapporte qu’actuellement, « cinq personnes, dont l’attaché du cabinet du commissaire à l’Education de Ngazidja, sont poursuivies … par la justice pour tentative de fraude de l’examen ».
« Cette affaire concerne plusieurs personnes. C’est pour cette raison que nous avons décidé d’ouvrir une information judiciaire afin que le juge fasse la lumière sur cette affaire », explique Mohamed Oussein Djamalilaili, procureur de la République de Moroni.
« A travers le président du jury, le ministère a saisi la justice afin que les personnes impliquées dans cette affaire soient punies », déclare pour sa part le ministre de l’Education nationale, Mohamed Ismaila, qui souhaite proclamer au temps convenu les résultats malgré le blocage des syndicats.
Entretemps, des mesures disciplinaires ont été prises à l’encontre de toutes personnes qui seraient mêlées à cette affaire. Le ministère de l’Education nationale a notamment suspendu de leurs fonctions trois membres du secrétariat du baccalauréat. De plus, il a décidé de changer rapidement le logiciel utilisé auparavant pour le traitement des données des examens.
Pour leur part, les syndicats réclament des sanctions exemplaires à l’encontre des principaux responsables. « Nous aimerions que la justice prononce la détention ou le licenciement pour toute personne fautive dans cette affaire. Il est temps de mettre fin à ces genres de pratiques qui ne font que déshonorer le bac » aux Comores, affirme Mohamed Abdou Mlanao, le secrétaire général de l’intersyndicale.
Sources : Le Nouvel Observateur, Alwatwan