Dans un courrier adressé à la ministre de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, Nathalie Kociusko-Morizet, la présidente de Sea Sheperd France, Lamya Essemlali demande à Nathalie Kosciusko-Morizet d’adopter un décret visant à protéger les requins bouledogue et tigre qui sont "menacés" par les "appels au massacre". Ceci afin de mener à bien les études entreprises pour mieux comprendre le comportement de ces squales qui vivent dans les eaux réunionnaises.
L’Organisation Non Gouvernementale (ONG) Sea Sheperd qui a récemment installé une antenne à La Réunion a adressé un document à la ministre de l’Ecologie. Dans ce courrier, Lamya Essemlali dénonce les "pêches intensives et absolument immorales" des requins bouledogue et tigre à La Réunion. Elle ajoute que "ces pêches ont pour seul objet d’éliminer les animaux" et que c’est à un véritable "massacre" de ces deux espèces qu’on assiste dans notre département.
Elle estime que les appels répétés au prélèvement des squales dans les eaux réunionnaises et les "pêches immorales" vont clairement compromettre les études qui doivent être menées sur les requins bouledogues et tigres, dans le cadre de l’opération CHARC (Connaissance de l’habitat des requins côtiers réunionnais).
Lamya Essemlali demande ainsi à Nathalie Kosciusko-Morizet de prendre les mesures nécessaires pour protéger ces squales afin que les études puissent aboutir à des résultats concrets. Elle sollicite la ministre de l’Ecologie pour l’adoption d’un décret pour protéger ces deux espèces de requins dans notre département.
Voici le courrier de Lamya Essemlali adressé à Nathalie Kosciusko-Morizet :
" Madame Nathalie Kociusko-Morizet, la Réunion traverse une crise majeure depuis quelques mois du fait d’une série d’accidents au cours de l’année 2011 sur son littoral ouest très balnéaire.
Après une grande phase d’émoi passée et des décisions peu judicieuses (pêche « préventive » dans la réserve nationale marine de la réunion), les autorités et décisionnaires en poste sur place ont orienté les actions vers une approche réelle de la problématique. Cette problématique au-delà des drames humains réside dans le fait que personne ne possède de connaissances sur ces animaux à la Réunion afin de permettre de comprendre si ce qui a eu lieu en 2011 relève de la normalité ou pas.
Afin de palier au manque total de connaissance sur les deux espèces en cause (requin tigre et bouledogue) un programme de recherche a été lancé par l’Institut de Recherche pour le Développement de la Réunion. Ce programme dénommé CHARC (programme de connaissance de l’habitat des requins côtiers réunionnais) a pour but dans sa première phase de réaliser des marquages sur les animaux afin de pouvoir récolter grâce à des balises réceptives les mouvements et zones de fréquentation des requins sur le domaine maritime côtier de l’ouest de l’île. Ces informations pourraient en effet permettre de comprendre les modes de vie de ses animaux sur la côte et répondre à des questions cruciales quant à la compréhension éthologique de ces deux espèces. Ces réponses seraient ensuite un puits d’informations utiles à la mise en place d’une réelle approche de la surveillance et sécurisation des activités nautiques (baignade et surf essentiellement).
Malheureusement les conclusions de cette étude risquent de ne jamais voir le jour. Tout simplement parce que pour faire des relevés et marquer des animaux et bien il faut qu’ils y aient des animaux. Hors il est avéré que ces deux espèces, n’étant pas protégées, sont actuellement l’objet de pêches intensives et absolument immorales à nos yeux de par leur caractère. En effet, ces pêches ont pour seul objet d’éliminer les animaux (ces deux espèces sont interdites à la vente par arrêté préfectoral). Cela s’apparente donc clairement à un massacre. Ce massacre vise de surcroît deux espèces classées sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), ces actions en sont d’autant plus condamnables.
Au-delà de notre sensibilité écologique, nous tenons à attirer votre attention sur le fait que ces pêches massacre vont mettre en péril voir rendre caduc le premier programme enfin lancé à la Réunion après des années d’attentisme et financé par des fonds publics. Nous appelons l’ensemble de la communauté scientifique à intervenir et à soutenir leurs collègues réunionnais. Nous vous demandons de condamner les appels au massacre et les massacres eux-mêmes en faisant adopter aux plus vite un décret protégeant ces deux espèces actuellement menacées à la Réunion. Si certains revendiquent le droit à tuer et bien nous revendiquons le droit à protéger la vie.
Afin de permettre une meilleure cohabitation entre humains et animaux sauvages, il est indispensable que ces études aboutissent à des résultats significatifs ce qui risque d’être rendu impossible par les attitudes vindicatives et individualistes de certains « usagers de la mer ».Nous espérons que vous prendrez les dispositions nécessaires pour que cela n’arrive pas. "