Le procès de Jean-Pierre Ramaye-Ellama se poursuit à la Cour d’Assises de Saint-Denis. Cet après-midi, les jurés ont pu entendre le témoignage de la concubine du violeur présumé. De ce récit poignant se dégageait l’amour sans concessions d’une femme pour son partenaire. L’experte psychologue qui a par la suite rendu les résultats de son analyse a quant à elle mis à jour un homme brisé par le comportement violent de son père et marqué par un traumatisme infantile lourd.
Il risque vingt ans de réclusion criminelle pour des faits de viols et tentatives de viol sur des prostituées entre 2006 et 2008. C’est donc en présumé violeur que Jean-Pierre Ellama comparait ce jour devant la Cour d’Assises. Cela étant, c’est un tout autre visage qu’il offrait à sa concubine, avec qui il élevait cinq enfants (dont deux nés de leur union).
Très affectée par ces événements, la compagne de l’accusé qui témoignait ce mardi n’a eu de cesse de défendre son partenaire, réaffirmant son soutien à celui qu’elle aime et qui avait pris en charge l’éducation de leurs enfants. Ayant interrompu sa scolarité à la fin du collège, cette femme pour qui la famille est au centre de ses priorités s’est attardée sur l’implication totale de Jean-Pierre Ramaye-Ellama vis-à-vis de leurs enfants.
Pourtant frappée par l’horreur des actes commis sur une dizaine de prostituées, cette femme a marqué sa volonté de ne pas abandonner son compagnon. Placé en 2006 en détention provisoire puis relâché pour des faits de viols sur des travailleuses du sexe, l’homme avait dévoilé à sa concubine des points sombres de son passé.
Parmi ceux-ci, le traumatisme causé par un père alcoolique et violent envers les femmes. Jean-Paul Ramaye-Ellama aurait aussi été abusé sexuellement, tandis qu’il n’était qu’un adolescent. Pour s’échapper de ce quotidien pesant et tenter d’effacer tant bien que mal les stigmates de ce calvaire, l’accusé avait quitté sa terminale scientifique pour pouvoir s’insérer sur le marché de l’emploi. Pour lui, c’était là un moyen de sauver sa mère et ses deux soeurs, alors sous l’emprise du patriarche.
Après avoir fauté en 2006, à Saint-Pierre, Jean-Paul Ramaye-Ellama avait récidivé en 2007, dans le chef-lieu cette fois-ci. Selon l’analyse effectuée par l’experte psychologue, l’accusé qui ne voulait pas reproduire le schéma de son enfance, avait réussi à protéger son foyer. Mais le traumatisme infantile dont il a fait l’objet semble avoir fait déraillé la machine et l’agression des prostituées aurait fait office d’exutoire.
Ce mardi, seules trois prostituées avaient fait le choix d’assister à l’audience. Pour elles, cette démarche est une véritable épreuve. Sur la dizaine de victimes, quatre seulement ont porté plainte contre Jean-Pierre Ellama. Hésitant longtemps de peur que leurs propos ne soient mis en doute, ces femmes ont toutefois décidé d’enclencher la machine judiciaire pour disent-elles empêcher que ces actes ne se reproduisent.
Les débats se poursuivent à la Cour d’Assises. Demain, la parole sera donnée aux avocats de la partie civile (Maître Brigitte Hoarau) et de la défense (Maître Nicolas Normand) pour les plaidoiries. Jean-Pierre Ramaye-Ellama encourt une peine de vingt ans de réclusion criminelle pour viols et tentatives de viol, sous la menace d’une arme.