Les sanctions européennes infligées à l’Air Madagascar ont eu un important retentissement au niveau du gouvernement. Le ministre malgache des Transports Benjamina Ramarcel Ramanantsoa dénonce " un acharnement " dont fait l’objet la compagnie nationale et demande des éclaircissements auprès de l’Association internationale du transport aérien (IATA).
Après l’interdiction de vol de ses deux Boeing 767-300 dans l’espace européen, Air Madagascar s’est vu signifier la suspension des ventes de ses billets auprès des agences de voyages.
" Cette décision ressemble bien à un acharnement. Air Madagascar n’a jamais connu des défauts de paiement avec le Billing and Settlement Plan (BSP) ", fustige Benjamina Ramarcel Ramanantsoa dans les colonnes de l’Express de Madagascar. Face à cette situation, l’Etat malgache, qui est actionnaire majoritaire à hauteur de 98%, a décidé de demander des explications auprès de l’IATA. " En tant que pays membre, il est légitime que nous obtenons ces éclaircissements sur cette mesure qui est un préjudice commercial pour la compagnie ", argumente le ministre lors d’une conférence de presse tenue hier à Antananarivo.
Pour Henri Roger, ancien directeur général adjoint d’Air Madagascar, la crise de la compagnie aérienne malgache pourrait en cacher une autre. " Parfois, je ne peux m’empêcher de me demander s’il n’y a pas d’autres dessous derrière cette sanction. Il faut se rappeler qu’il n’y a pas longtemps, l’Aviation civile de Madagascar (ACM) a décidé d’annuler un contrat avec une entreprise de renommée mondiale. Sauf erreur de ma part, celle-ci a forcément contre-attaqué pour préserver sa crédibilité sur le plan international. Je me pose ainsi la question s’il n’y a pas eu des dessous géopolitiques derrière cette sanction infligée à Air Madagascar " s’interroge Henri Roger.
L’Union des Comores apporte par ailleurs son soutien à l’Etat malgache par principe de solidarité inter îles. "La situation de la compagnie Air Madagascar nous préoccupe également. C’est comme un patrimoine pour l’Océan Indien. De ce fait, nous allons entreprendre des démarches à plusieurs niveaux, notamment au sein de l’Asecna (Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et Madagascar, ndlr) et de l’IATA, pour trouver des solutions à la façon africaine", déclare pour sa part le ministre comorien des Transports, Hassani Assoumani, à l’issue d’une rencontre avec son homologue malgache hier à Antananarivo.