Les scientifiques comoriens tirent la sonnette d’alarme face au pillage dont font l’objet les ressources halieutiques de l’archipel. Selon eux, les holothuries - concombres de mer ou chpapa kojo en comorien – sont aujourd’hui menacés de surexploitation en raison de la recrudescence du trafic illicite.
Dans son édition de ce mercredi 3 août, le journal comorien Albalad s’est fait l’écho des travaux de recherches menés par deux scientifiques locaux, Nourddine Mirahni et Zamil Maafou, respectivement, doctorant en science de géosystème et technicien supérieur en environnement, et également coordonnateur du projet de Renforcement de la Conservation de la Mangrove de Bimbini.
Le but de cette initiative est " d’attirer l’attention des Autorités comoriennes, Institutions concernées, ONGs et populations locales du danger d’une exploitation non durable du patrimoine naturel " des Comores.
Les mers comoriennes se vident de leurs concombres de mer. Les environnementalistes comoriens dressent un constat alarmant du côté d’Anjouan, plus précisément à la réserve côtière et marine de Bimbini, candidate au patrimoine mondial de l’UNESCO et prétendante au titre de site RAMSAR, où l’on assiste à une raréfaction, voire à la disparition d’espèces d’holothuries. D’après leur enquête, les trafiquants se déguisent en chercheurs, touristes ou investisseurs. Les espèces Holothuria scabra, Holothuria nobilis, Actinopyga miliaris… seraient les cibles préférées des braconniers.
Dans leur dossier, Nourddine Mirahni et Zamil Maafou pointent du doigt en particulier les exploitants chinois, qui sont partis de Madagascar et " se sont tournés vers les Comores où les valeurs économiques et écologiques de la faune et de la flore sauvages sont ignorées ". Le concombre de mer, de son nom local " chpapa kojo ", se vend à 1 500 francs comoriens la pièce, soit environ 3 euros.
Il faut savoir que les holothuries font partie des espèces menacées aux Comores, et que leur exploitation à des fins commerciales est formellement interdite par arrêté ministériel datant de 2004. Pourtant, des opérateurs chinois sont en possession d’un permis d’exploitation en dépit de la législation environnementale en vigueur, s’indignent les chercheurs comoriens.