Il revient à Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de répondre à l’accord Iran-Brésil-Turquie sur le nucléaire iranien, a déclaré lundi le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, en notant par ailleurs des "progrès" sur la recherche de nouvelles sanctions à l’ONU.
VIENNE (AFP) - L’Iran reste sous la menace de sanctions de l’Organisation des Nations unies malgré la signature d’un accord avec le Brésil et la Turquie sur l’échange de combustible nucléaire, estiment lundi des diplomates proches de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à Vienne.
"Il n’y a pas de problème avec l’accord concernant le réacteur de recherche nucléaire de Téhéran. Mais, convenir de l’apport en combustible pour ce réacteur ne va pas changer la donne aux yeux de la communauté internationale" sur la question de l’enrichissement de l’uranium, a déclaré un diplomate occidental sous couvert de l’anonymat.
L’Iran est déjà sous le coup de trois séries de sanctions de l’ONU pour son refus d’arrêter son programme d’enrichissement de l’uranium, que les puissances occidentales soupçonnent d’être une couverture pour l’accès à l’arme nucléaire.
Or, Téhéran a réaffirmé lundi que l’Iran poursuivrait son propre programme d’enrichissement, malgré la signature de l’accord avec Ankara et Brasilia.
Cependant, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a déclaré lundi qu’après cet accord il n’y avait "pas besoin" de nouvelles sanctions contre l’Iran.
L’Iran, la Turquie et le Brésil ont adopté lundi une proposition commune d’échange sur le territoire turc de combustible nucléaire iranien contre de l’uranium enrichi à 20%, stocké sur le territoire turc sous la supervision de l’AIEA. Le projet prévoit notamment l’envoi en Turquie par l’Iran de 1.200 kg de son uranium faiblement enrichi (3,5%), pour y être échangé dans le délai maximum d’un an contre 120 kg de combustible hautement enrichi (20%) nécessaire au réacteur de recherche nucléaire de Téhéran.
"L’Iran a d’abord approché l’AIEA, car ils (les Iraniens) avaient besoin de combustible", a rappelé un autre diplomate, "mais ils refusent depuis huit mois" un accord sous l’égide de l’AIEA. "Ils ne risquent pas de sanctions à propos du réacteur de recherche de Téhéran. Ils risquent des sanctions pour avoir refusé d’arrêter l’enrichissement d’uranium, les gens ne devraient pas l’oublier".
L’AIEA tente depuis octobre dernier de convaincre l’Iran de signer un accord avec les Etats-Unis, la France et la Russie pour leur livrer l’uranium faiblement enrichi (LEU), qui serait enrichi à 20% en Russie puis transformé en France en combustible. L’Iran, invoquant un problème de confiance, n’avait jusqu’à présent pas donné suite à cette proposition.
L’AIEA n’a pas commenté la signature de l’accord avec la Turquie et le Brésil, pas plus que les représentants américain, français et russe auprès de l’agence onusienne.
Pour le chef de la diplomatie turque, "cet accord signale à la communauté internationale qu’il y a toujours de la place pour la diplomatie. La Turquie et le Brésil ont montré qu’il était temps d’user de la diplomatie".