Amnesty International enjoint dans son rapport annuel les sept pays membres du G20 qui ne l’ont pas encore fait -dont les Etats-Unis, la Chine et la Russie- à reconnaître la Cour Pénale Internationale (CPI), au nom du principe selon lequel nul n’est au-dessus des lois.
LONDRES (AFP) - Amnesty International enjoint dans son rapport annuel les sept pays membres du G20 qui ne l’ont pas encore fait -dont les Etats-Unis, la Chine et la Russie- à reconnaître la Cour Pénale Internationale (CPI), au nom du principe selon lequel nul n’est au-dessus des lois.
L’organisation de défense des droits de l’homme a aussi appelé la Thaïlande à permettre à des observateurs internationaux d’enquêter sur la sanglante répression en mai du mouvement des "chemises rouges".
"Nous voulons nous assurer que personne ne soit au-dessus des lois", a déclaré le secrétaire général par intérim Claudio Cordone au cours d’une conférence de presse au siège de l’organisation à Londres.
"Notre rapport démontre que des Etats puissants se considèrent au dessus des lois, protégeant leur alliés et que la justice n’est rendue que quand cela leur convient".
Sept membres du G20 - les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, la Russie, l’Arabie saoudite et la Turquie - refusent toujours de reconnaître l’autorité de la Cour pénale internationale (CPI), première juridiction pénale internationale permanente qui poursuit les auteurs de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et de génocides.
Claudio Cordone a estimé cependant que l’opposition américaine à cette institution s’affaiblissait sous la présidence de Barack Obama, et que le pays pourrait à terme reconnaître la CPI.
"Nous sentons que l’opposition peut être en train de s’affaiblir", a-t-il indiqué à l’AFP. "Si les gouvernements prennent au sérieux la justice, alors ils réaliseront que cette cour fonctionne selon de véritables normes pour les droits de l’homme et qu’il n’y a pas de raison de ne pas la soutenir".
"Donc à terme j’ai l’espoir que les Etats-Unis rejoindront la cour".
La présence, pour la première fois, d’observateurs américains à l’assemblée annuelle des Etats parties de la CPI à La Haye en novembre 2009 avait été saluée par l’organisme de gestion de la cour comme un "geste très important".
Amnesty considère que l’émission par la CPI d’un mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre a été une avancée "clef" l’an dernier. Mais l’organisation critique le refus de l’Union africaine de coopérer en vue de son arrestation.
Cependant, tandis que l’Afrique du Sud a indique son intention d’aider à l’arrestation de M. Béchir, Claudio Cordone dit espérer que les autres pays du continent vont suivre.
Amnesty a aussi déploré les quelque 7.000 civils tués au Sri Lanka, après avoir été pris au piège par les combats entre les troupes gouvernementales et les séparatistes tamouls.
Les parties "n’ont pas répondu de leurs actes, personne n’a été poursuivi pour les crimes graves qui ont été commis notamment dans la dernière phase de la guerre", a souligné Claudio Cordone, disant que de nombreuses indications suggéraient que des crimes de guerre avaient été commis.
Il a rejeté comme "non crédible" l’offre du Sri Lanka de mettre en place une commission d’enquête nationale, appelant à la place à la constitution d’une commission internationale sur les abus commis.
Evoquant les émeutes dans les rues de Bangkok pendant le mois de mai, Claudio Cordone a reconnu que les forces de sécurité thaïlandaises avaient été confrontées à des manifestants armés.
"Mais en réponse nous avons vu l’armée thaïlandaise tirer vers les manifestants sans faire de distinction et viser parfois des personnes désarmées".
Il a appelé les autorités thaïlandaises a révéler combien de manifestants étaient actuellement détenus, afin de permettre un accès à ces personnes, et à une enquête "indépendante et crédible" sur les troubles, si besoin avec une aide internationale.