Un couple d’Américains a été enlevé lundi au Yémen par des membres d’une tribu exigeant la libération d’un des leurs détenus par les autorités, un mode opératoire habituel dans ce pays à structure tribale.
SANAA (AFP) - Un couple d’Américains a été enlevé lundi au Yémen par des membres d’une tribu exigeant la libération d’un des leurs détenus par les autorités, un mode opératoire habituel dans ce pays à structure tribale.
Le couple, des touristes selon leur chauffeur, a été enlevé par des hommes armés appartenant à l’influente tribu d’al-Hima dans la région de Bani Mansour, à 70 km à l’ouest de Sanaa, et conduit dans le village de Hamra, dans la même région, une zone montagneuse à l’accès extrêmement difficile
Leur chauffeur yéménite, Ali Al-Arachi, kidnappé en même temps qu’eux, a néanmoins pu être joint par des journalistes sur son téléphone portable.
Selon lui, les ravisseurs réclament la libération d’un membre de leur tribu, détenu à la prison centrale de Sanaa.
Le couple est bien traité par les ravisseurs, "conformément aux règles de l’hospitalité tribale", a-t-il assuré.
Interrogé par l’AFP, un porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis à Sanaa, a confirmé le rapt. "Nous pouvons confirmer que deux Américains ont été enlevés aujourd’hui au Yémen", a-t-il déclaré.
"Le bureau régional de sécurité et le consulat (américains) travaillent avec les autorités yéménites pour leur libération", a-t-il ajouté sans préciser leur identité et si les deux otages étaient en visite ou des résidents au Yémen.
A Washington, le porte-parole du département Philip Crowley, a indiqué que le rapt n’était "apparemment pas lié au terrorisme", dans une allusion aux extrémistes d’Al-Qaïda, actifs au Yémen.
Il s’agit du premier rapt d’étrangers dans cette zone à l’ouest de Sanaa, où se trouve le village de Al-Hajara, fréquemment visité par les touristes pour ses bâtiments historiques en forme de gratte-ciels construits à flanc de montagne.
La police s’est déployée en force dans le secteur et y a établi des barrages, selon un correspondant de l’AFP.
Selon un responsable tribal, les autorités ne devraient pas privilégier la manière forte, mais plutôt entamer incessamment des négociations avec les ravisseurs.
Le Yémen est le théâtre de fréquents enlèvements d’étrangers par des tribus, qui usent de cette tactique comme d’un moyen de pression sur les autorités. Plus de 200 ressortissants étrangers y ont été enlevés ces 15 dernières années et la grande majorité libérés sains et saufs.
Deux experts chinois de l’industrie pétrolière avaient été libérés le 18 mai, deux jours après leur enlèvement par des membres d’une tribu dans la province de Chabwa (est). Ils ont retrouvé la liberté grâce à une médiation tribale et des pressions de de responsables de la sécurité.
Leurs ravisseurs entendaient protester contre le fait que l’un de leurs membres avait été blessé par balles à un barrage de la police, selon une source tribale.
Deux fillettes allemandes de 3 et 5 ans, enlevées en juin 2009 avec leur frère et leurs parents et un Britannique à Saada (nord), fief de la rébellion chiite, ont été récupérées en vie à la frontière saoudo-yéménite par les autorités saoudiennes la semaine dernière.
Les cadavres de deux autres Allemandes et d’une Sud-Coréenne, kidnappées en même temps qu’eux, avaient été retrouvés peu après le rapt.
L’identité de leurs ravisseurs est inconnue. Les rebelles chiites ont assuré à plusieurs reprises ne pas détenir les otages et rendu les autorités responsables de leur sort.
L’édition en ligne du magazine allemand Spiegel avait affirmé en début d’année que les ravisseurs réclamaient une rançon de deux millions de dollars.