Les "chemises rouges" thaïlandaises, décidées à faire chuter le gouvernement d’Abhisit Vejjajiva, ont de nouveau tenté jeudi d’internationaliser la crise en lançant un appel à l’Union européenne, au lendemain de nouveaux heurts avec les forces de l’ordre.
BANGKOK (AFP) - Les "chemises rouges" thaïlandaises, décidées à faire chuter le gouvernement d’Abhisit Vejjajiva, ont de nouveau tenté jeudi d’internationaliser la crise en lançant un appel à l’Union européenne, au lendemain de nouveaux heurts avec les forces de l’ordre.
Le royaume a connu jeudi une de ces explosions de violences qui font craindre le pire pour son avenir, alors que la crise dure depuis bientôt six semaines et que le rapport de force entre militaires et manifestants tourne parfois à l’avantage de ces derniers.
Un militaire a été tué, vraisemblablement par une balle provenant de son propre camp, et 18 personnes dont deux soldats ont été blessés en quelques heures de violences autour d’une autoroute, au nord de Bangkok.
Au total, les violences politiques ont fait 27 morts et près de 1.000 blessés depuis le 10 avril, dans la plus grave crise en Thaïlande depuis 1992.
La semaine dernière, les manifestants avaient demandé le déploiement d’une force de maintien de l’ONU, qui s’était contentée d’appeler les parties au "dialogue".
Jeudi, ils se sont cette fois tournés vers l’Union européenne, en saisissant son ambassadeur en Thaïlande, David Lipman, pour qu’il obtienne l’envoi d’observateurs.
"Le gouvernement a usé de la force pour réprimer des innocents et il est probable que d’autres violents coups de force se produiront", a déclaré l’un des cadres "rouges", Jaran Ditsatapichai.
La lettre ouverte des "rouges" affirme que "les institutions démocratiques thaïlandaises ont été massacrées depuis le coup d’Etat de 2006" contre l’ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, dont se réclament de nombreux manifestants.
"Face à la menace des chars et d’un bain de sang imminent, nous demandons votre aide pour éviter une catastrophe contre les droits de l’Homme".
La démarche n’avait semble-t-il guère d’avenir. L’envoi d’observateurs "me paraît totalement improbable", relevait un diplomate étranger. "Il faudrait un consensus au sein de l’UE et je ne pense pas qu’il y en ait un".
Dans un communiqué, David Lipman a fait part de son "inquiétude", appelant au "respect de la règle de droit, au dialogue constructif et à une solution négociée".
La semaine dernière, les manifestants avaient convié les diplomates en poste à Bangkok à visiter le site en centre-ville dans lequel ils se sont retranchés. L’UE et les Etats-Unis avaient refusé, mais d’autres chancelleries s’étaient déplacées.
"Nous ne voulons plus voir ça", a déclaré jeudi à Jakarta le ministre des Affaires étrangères, Kasit Piromya.
"La communauté internationale n’a pas besoin d’intervenir à ce stade (...). "Je pense que nous contrôlons parfaitement la situation et que cela relève encore des affaires intérieures de la Thaïlande".
A Bangkok le blocage persiste. Abhisit refuse de quitter le pouvoir, mais n’a pas de solution pour faire évacuer sans bain de sang le camp retranché qu’occupent les "chemises rouges".
Un millier de "chemises jaunes" royalistes, leurs ennemis jurés, a priori favorable à Abhisit, se sont rassemblés devant la base militaire depuis laquelle il travaille actuellement.
"Nous allons demander au gouvernement d’énoncer clairement sa stratégie pour mettre fin à ces rassemblements illégaux et au terrorisme, et nous allons inciter l’armée à utiliser son pouvoir pour mettre fin à l’anarchie", a déclaré à la télévision un porte-parole des "jaunes", Suriyasai Katasila.
Le camp monarchiste a déjà averti qu’il était prêt à "protéger la nation". Des déclarations qui font peser la menace d’un affrontement direct entre "rouges" et "jaunes" dans la rue, qui risquerait de dégénérer et d’aggraver encore un bilan déjà lourd.