Les mères de trois randonneurs américains, détenus depuis dix mois en Iran sous l’accusation d’espionnage, sont arrivées mercredi soir à Téhéran pour rencontrer leurs enfants pour la première fois.
TEHERAN (AFP) - Les mères de trois randonneurs américains, détenus depuis dix mois en Iran sous l’accusation d’espionnage, sont arrivées mercredi soir à Téhéran pour rencontrer leurs enfants pour la première fois.
Les trois femmes, qui ont reçu des visas d’une semaine, devraient rencontrer dès jeudi leurs enfants détenus à la prison d’Evine à Téhéran, a indiqué à l’AFP l’avocat des trois Américains, Me Masoud Shafii. Aucun contact n’est officiellement prévu pour l’instant avec les autorités iraniennes.
Leur visite intervient à un moment où les relations détestables entre Téhéran et Washington se sont de nouveau tendues, les Etats-Unis étant parvenus à faire examiner mardi par le Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution sur de nouvelles sanctions contre l’Iran pour sa politique nucléaire controversée.
Les trois femmes n’ont pas fait de déclaration à leur arrivée à l’aéroport de Téhéran, selon le photographe de l’AFP.
Shane Bauer, 27 ans, Sarah Shourd, 31 ans et Josh Fattal, 27 ans, ont été arrêtés le 31 juillet 2009 en territoire iranien à proximité de la frontière irakienne qu’ils auraient franchie par erreur après s’être égarés pendant une randonnée au Kurdistan irakien.
Quelques heures avant l’arrivée des mères, le ministre iranien des Renseignements Heydar Moslehi a réaffirmé que Téhéran les considérait comme des "espions", une accusation démentie par Washington pour qui la frontière est mal délimitée dans la région montagneuse où les randonneurs ont été arrêtés.
L’Iran a accepté de donner un visa aux mères "pour des raisons humanitaires", a dit M. Moslehi. "Bien qu’ils soient des espions et soient entrés illégalement en Iran, nous les avons traités selon les préceptes religieux".
Il a de nouveau soulevé, à cette occasion, le cas des onze Iraniens que Téhéran accuse Washington de détenir illégalement après les avoir parfois "enlevés" ou fait arrêter à l’étranger.
"Nous allons voir comment les Américains réagissent concernant les Iraniens innocents qu’ils ont kidnappés et transférés" aux Etats-Unis, a-t-il dit.
Le 9 novembre, le procureur général de Téhéran Abbas Jafari Dolatabadi avait annoncé que les trois Américains étaient accusés "d’espionnage". Il avait été contredit le lendemain par le chef de la diplomatie Manouchehr Mottaki selon qui les poursuites se limitaient à leur "entrée illégale" en Iran.
M. Dolatabadi avait toutefois réitéré l’accusation d’espionnage en mars, et M. Moslehi avait affirmé le 9 avril qu’ils étaient accusés de "coopérer avec des services de renseignement étrangers".
Avant leur départ pour Téhéran, les mères des randonneurs ont dit apporter à leurs enfants des lettres d’amis, des photos ainsi que des cahiers vierges pour qu’ils puissent raconter ce qu’ils vivent.
Elles ont affirmé espérer pouvoir ramener leurs enfants avec elles aux Etats-Unis, mais les autorités iraniennes n’ont donné aucune indication suggérant la possibilité d’un tel geste.
En avril, Washington avait dit être "profondément inquiet" du sort des randonneurs après que des diplomates suisses ayant pu leur rendre visite aient indiqué que deux d’entre eux connaissaient des problèmes de santé.
En l’absence de relations diplomatiques entre l’Iran et les Etats-Unis, rompues depuis trente ans, c’est l’ambassade de Suisse à Téhéran qui est chargée des intérêts américains et suit le cas des randonneurs.