Des opposants birmans ont marqué jeudi la victoire du parti d’Aung San Suu Kyi, qui a remporté les dernières élections en Birmanie il y a 20 ans sans jamais accéder au pouvoir, tandis que des défenseurs des droits de l’Homme ont appelé la communauté internationale à faire pression sur la junte.
RANGOUN (AFP) - Des opposants birmans ont marqué jeudi la victoire du parti d’Aung San Suu Kyi, qui a remporté les dernières élections en Birmanie il y a 20 ans sans jamais accéder au pouvoir, tandis que des défenseurs des droits de l’Homme ont appelé la communauté internationale à faire pression sur la junte.
Les militants se sont réunis dans la demeure de Tin Oo, vice-président de la la Ligue nationale pour la démocratie (LND) qui avait très largement remporté les législatives du 27 mai 1990 (392 des 485 sièges).
Les résultats de ce scrutin n’ont jamais été reconnus par les militaires au pouvoir depuis 1962 et qui, depuis deux décennies, maintiennent la figure de proue de l’opposition Aung San Suu Kyi en prison ou en résidence surveillée.
"La LND s’est battue dans des situations très difficiles au cours des deux dernières décennies", a déclaré Tin Oo.
Des législatives sont prévues fin octobre ou début novembre. Qualifiées de "mascarade" par des dirigeants occidentaux et une bonne partie de la communauté internationale, ce seront les premières depuis celles de 1990.
La Ligue, qui avait annoncé fin mars qu’elle boycotterait le prochain scrutin organisé par la junte du généralissime Than Shwe, a été dissoute début mai. Une participation l’aurait obligée à exclure de ses instances la lauréate du prix Nobel de la paix, ce à quoi elle s’est refusée.
"Nous avons dit que nous poursuivrions notre travail social, mais c’est aussi un peu de la politique", a poursuivi Tin Oo.
Les partisans de la LND ont marqué l’anniversaire en promettant une assistance éducative aux membres des familles des prisonniers politiques en Birmanie (2.100 dont 428 de la LND) et en plantant trois arbres dans l’enceinte de la demeure de Tin Oo.
"La LND est toujours là. Nous continuerons d’essayer tant que nous sommes autorisés à travailler officiellement", a dit à l’AFP une militante, Phyu Phyu Thin. "Nous continuerons de travailler pour l’avenir de cet esprit politique", a renchéri Mya Mya Yee.
La LND paye pour son refus de céder aux exigences des généraux, dont les lois électorales stipulent qu’un parti ne peut conserver parmi ses membres un prisonnier politique.
Plusieurs membres de la Ligue ont annoncé qu’ils créaient une nouvelle formation d’opposition pour participer aux élections. Une démarche intervenue alors qu’une partie de la LND, notamment la jeune génération, contestait la ligne dure adoptée par les cadres historiques, des octogénaires usés par les années de détention et que leurs détracteurs jugent déconnectés de la réalité.
Ces élections "semblent destinées à donner au régime militaire un visage civil", a estimé l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch.
HRW a appelé les alliés diplomatiques et commerciaux du régime birman, la Chine, l’Inde, la Russie ou Singapour, à "insister pour que les prisonniers politiques soient libérés immédiatement et qu’un processus politique général crédible" soit organisé.
Elle a aussi exhorté la communauté internationale à imposer des sanctions "plus ciblées et graduées" contre les militaires birmans et leurs partenaires financiers.
L’Union européenne (UE) et l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), réunis mercredi à Madrid, ont appelé la junte à organiser des élections "crédibles et transparentes".
Washington vient de prolonger d’un an les sanctions imposées par les Etats-Unis à la Birmanie et envoie à nouveau un émissaire dans ce pays, le sénateur Jim Webb.
La Birmanie déjà fait savoir début mai qu’elle pouvait se passer d’observateurs étrangers lors des élections.