Les trois hommes sont des boxeurs et sont bloqués à Bangkok depuis jeudi dernier. Ils se sont retrouvés aux premières loges des débordements qui ont commencé en fin de semaine dernière.
Thierry Virapol, l’un d’entre eux travaille à Bangkok. Il tient un club de Muy ThaÏ. Il se trouve en compagnie de deux jeunes stagiaires de Saint-Benoît qui ont fait le déplacement depuis notre île. L’encadrant connaît bien le pays et a pu se mettre, lui et ses deux élèves à l’abri. Joint par téléphone ce matin, il est rassuré :
« Je tiens en effet une école de Muy Thaï, mais je préfère quitter momentanément Bangkok car la situation devient trop explosive. De plus je tiens moi-même à ramener sur l’île mes stagiaires. On a réussi à sortir du quartier des manifestations. Nous sommes maintenant hors de la zone de danger. Il n’y a plus de problème. Maintenant il faut qu’on se renseigne pour notre billet d’avion. Nous voulons rentrer à la Réunion….
Au début on s’est retrouvé en plein dans les manifestations, mais moi comme cela fait longtemps que je connais bien le coin, il n’y a pas eu de soucis.
Nous avons eu la protection de l’armée. Nous avons eu de quoi manger. Hier matin, il y a eu une accalmie. Je me suis dit que c’était l’heure de partir. Nous avons trouvé un chemin pour sortir. Nous avons pris une chambre d’hôtel dans laquelle nous allons nous reposer. Aujourd’hui, nous allons voir notre agence pour rentrer chez nous. Tout le monde va bien. Il n’y a plus de soucis. Nous espérons que notre avion se pose à Roland Garros vers 22 heures ce soir ».
À Bangkok, les heurts ont eu en partie lieu dans la vieille ville, très touristique. L’armée a tiré samedi des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc sur les “chemises rouges” favorables à l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, chassé par un coup d’Etat en 2006. Selon les médias, il y aurait également eu des tirs à balles réelles.
Les manifestants ont riposté avec des grenades, des armes à feu et des cocktails Molotov. Dans le quartier de Khao San Road, bien connu des touristes, ils ont fait rouler des bouteilles de gaz enflammées dans les jambes des forces de l’ordre. Le paysage évoque une zone de guerre, avec des vitrines dévastées et des voitures renversées.
Les bilans encore provisoires varient de huit à dix morts parmi les civils comme parmi les soldats. Le nombre de blessés est aussi imprécis : entre 300 et 500. Parmi les victimes, un journaliste japonais.
Actuellement, le quartier commerçant de Bangkok reste aux mains de plusieurs dizaines de milliers de “chemises rouges”. Les rues sont bloquées.
Dans la ville de Chiangmai, la deuxième du pays, dans le Nord, les manifestants ont envahi les bureaux du gouverneur sans rencontrer de résistance de la part des forces de l’ordre. Ils avaient promis de faire le siège des bâtiments administratifs en province en cas d’intervention armée contre les manifestants rassemblés depuis près d’un mois à Bangkok.
Six cents manifestants ont également pénétré à l’hôtel de ville d’Udon Thani, dans le Nord-Est, selon une chaîne de télévision.