- Linfo.re : Pourquoi mettre en place ce rendez-vous autour des produits locaux, un jour férié du 14 juillet ?
-Maurice Cérisola : Il faut avant tout rendre à César ce qui est à César. C’est Claire De Chateauvieux qui a eu cette idée originale. Quand elle a appris que la cérémonie de la Préfecture était supprimée, elle s’est dit que c’était l’occasion ou jamais, de donner un coup de projecteur sur la production locale. Elle s’est tournée vers l’Adir, puisque cette dernière avait déjà joué un rôle dans le lancement de la campagne « Nou la fé » l’année dernière.
Nos équipes lui ont dit qu’il fallait associer les produits péi avec la Fédération des coopératives. C’est donc une opération conjointe de promotion de la production locale autour de « Nou la fé » et de la fédération des coopératives.
C’est vraiment une manifestation le jour de la fête nationale et particulièrement à la Réunion, qu’il ne faut pas louper. Elle rend hommage aux gens qui travaillent pour la production locale sur le territoire. Vous savez, je passe mon temps à me battre pour que les gens reconnaissent l’esprit d’entreprise. Je dis aux dirigeants de ne pas se décourager en ces temps difficiles. Encore une fois je trouve cela très intelligent d’avoir su réagir et saisir une opportunité pour faire cette manifestation.
- Dans un contexte où l’on parle d’un écart de prix de 36,6% entre la Réunion et la Métropole sur certains produits, pensez-vous pouvoir demander aux Réunionnais de consommer local, donc pas forcément moins chère ?
-Vous savez, on en parle de plus en plus : La production endogène a la côte. Les gens font un retour aux notions de terrain, de terroir… Vous connaissez mes prises de position qui sont absolument formelles sur l’écart des prix entre la Réunion et la Métropole. Je ne change pas d’avis sur le chariot type. La dernière livraison date d’il y a 15 jours. Elle a annoncé que les productions locales avaient baissé de 14%. Deux mois plus tôt on avait dit qu’ils avaient augmenté de 37% ! Cela montre bien que les moyens de mesure et d’établissement de ces grilles sont à côté de la plaque. C’est d’ailleurs pour cela que le Préfet l’a compris. Le système va être modifié et va dissocier les produits alimentaires des autres produits. Mais en même temps, il faut reconnaître que les prix de certains produits locaux sont largement supérieurs à ceux de Métropole… Mais ce n’est pas une règle générale.
-Vous pensez que cette manifestation va pousser les Réunionnais à consommer davantage local ?
-Moi j’ai toujours du respect pour les gens qui prennent des initiatives. Je trouve cela très bien de la part de Claire de Châteauvieux d’avoir tout de suite réagi à l’annonce de l’annulation de la garden party, pour faire une manifestation sur les terres familiales. Elle met ainsi les produits péi et « Nou la fé » en l’air.
-Le logo est sorti, il y a environ une année. Un label qui selon-vous porte réellement ses fruits, pensez-vous qu’il a changé les habitudes de consommation des Réunionnais ?
-Écoutez, si vous allez dans un supermarché, vous le verrez inscrit sur de plus en plus de produits. Ce qui nous fait plaisir, c’est que toutes les chaînes comme Casino et Carrefour jouent le jeu. Vous verrez dans ces magasins de grands poteaux avec le logo « Nou la fé ». Peu à peu je crois que l’idée commence à entrer dans les habitudes de consommation.
-N’a-t-on pas tendance à se perdre dans la multitude de labels de qualité présents sur le marché ?
-Certains le prétendent. Certes on peut dire cela. D’un autre côté on peut dire qu’il y a déjà une centaine de produits qui sont concernés par le label « Nou la fé ». Il fait son petit bonhomme de chemin par rapport aux autres et c’est tant mieux.