Lors d’une intervention sur TF1, le Ministre du Travail Eric Woerth s’est montré inflexible à propos du recul de l’âge légal de la retraite à 62 ans qui est l’une des principales mesures de son projet de réforme. "Nous ne reviendrons pas sur les mesures d’âge parce qu’elles sont sérieuses, elles sont aussi socialement tout à fait acceptables", a-t-il indiqué. Toutefois le Ministre s’est dit ouvert aux discussions en ce qui concerne les autres dispositifs prévus par la réforme pour les carrières longues ou la pénibilité au travail.
Les principales formations syndicales se disent outrées par cette décision du gouvernement. Mercredi soir, le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault et son homologue de la CFDT François Chérèque ont partagé le plateau de France 2 pour fustiger la réforme d’Eric Woerth. Pour le premier, ce projet gouvernemental représente "un recul social sans précédent" en France. D’après lui, la plupart des syndicats partage le caractère très néfaste de la réforme. Bernard Thibault appelle donc tout le monde à être dans la rue et en grève le 24 juin prochain, la journée de manifestation prônée par l’intersyndicale CGT-CFDT-CFTC-Unsa-FSU-Solidaires.
De son côté, François Chérèque s’est dit prêt à rencontrer le Ministre du Travail pour lui faire des propositions alternatives. "Si le gouvernement ne suit pas, et je pense qu’ils ne vont pas beaucoup bouger, il faut qu’on soit dans la rue le 24 pour montrer notre mécontentement (…) Face à la réforme du gouvernement qui fait payer 85% de la réforme uniquement aux salariés avec des mesures injustes, je crois que la présence de Bernard et moi sur le plateau est un signe."
Sans surprise, le PS est immédiatement monté au créneau. Martine Aubry, numéro un du parti, a qualifié la réforme d’ "irresponsable et indigne d’une démocratie". "Le report de l’âge de départ à 62 ans est une mesure idéologique qui ne règle pas les problèmes du financement des retraites (…). Le gouvernement s’apprête à piller le fonds de réserve des retraites qui était pour les jeunes de demain (…) avec ces mesures du gouvernement, les Français ont de quoi être angoissés", explique Martine Aubry. Pour sa part, Ségolène Royal a précisé que Nicolas Sarkozy a tout simplement renié sa promesse de 2007 de ne pas toucher à la retraite à 60 ans. En somme, les socialistes estiment que la réforme pénalise en premier les ouvriers, les pauvres et ceux qui ont commencé à travailler tôt comme l’indiquent François Hollande, ex-premier secrétaire, et Jean-Marc Ayrault, président du groupe parlementaire socialiste.
Par ailleurs, dans un sondage CSA paru dans Le Parisien ce jour, 60 % des Français se disent contre le recul de l’âge légal de départ à la retraite. Le sondage a été réalisé par téléphone le 16 juin sur un échantillon national représentatif de 940 personnes de plus de 18 ans.
A deux ans de la prochaine présidentielle, l’UMP risque gros avec cette réforme particulièrement impopulaire. François Hollande promet déjà que si la gauche revient au pouvoir, elle reviendra sur tous les paramètres de cette réforme.