A 25 kilomètres de la Tour Eiffel, le Plateau de Saclay, bastion de chercheurs au coeur des champs céréaliers, se mobilise pour devenir, d’ici dix ans, un campus scientifique de renommée mondiale, mêlant écoles prestigieuses, chercheurs et entreprises.
PLATEAU DE SACLAY (Essonne) (AFP) - A 25 kilomètres de la Tour Eiffel, le Plateau de Saclay, bastion de chercheurs au coeur des champs céréaliers, se mobilise pour devenir, d’ici dix ans, un campus scientifique de renommée mondiale, mêlant écoles prestigieuses, chercheurs et entreprises.
Les grues ont commencé leur travail sur le Plateau. Le futur campus doit rassembler 31.000 étudiants, 12.000 chercheurs et enseignants, dans dix écoles d’ingénieurs et de management, une Ecole normale supérieure (ENS), deux universités et six organismes de recherche. Certains sont déjà installés, les autres devraient arriver d’ici 2019.
Tous rêvent d’un lieu d’échanges entre étudiants, chercheurs, entreprises. François Houllier, directeur général délégué de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), évoque une "ébullition intellectuelle".
La France cherche aussi à se faire une place parmi les meilleures universités mondiales, la première université française, Pierre et Marie Curie, se situant seulement au 40ème rang du controversé classement international de Shanghai 2009, qui n’en compte que deux autres, dont l’université de Paris-sud (XI) à la 43ème place, associée au projet de Saclay.
Pour réunir ces matières grises éparpillées sur les 9 km2 du campus, se pose la question des lieux de vie et des transports en commun, quasiment inexistants aujourd’hui.
Jean-Yves Mérindol, directeur de l’ENS-Cachan, souligne que leur installation dépendra notamment des transports et de la "capacité à mener des projets communs".
"Un projet de cette ampleur se conçoit dans le cadre d’un projet urbain", estime Xavier Michel, directeur général de l’école Polytechnique, installée sur le Plateau depuis 1976.
Avec 2.300 hectares de terres agricoles préservées, la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, imagine le campus "vert, écologique, vivant".
"Il faut des infrastructures culturelles, sportives, de l’animation, des bars, commerces de proximité, du logement. Il ne faut pas en faire une zone industrielle de luxe", s’inquiète François Lamy, président (PS) de la communauté d’agglomération du Plateau de Saclay (CAPS).
Il faut "densifier ce qui existe, et mutualiser, le plus possible, les restaurants, laboratoires", relève Pierre Veltz, président de la mission de préfiguration de l’Etablissement public Paris-Saclay, chargée de l’aménagement.
Guy Couarraze, président de l’université Paris-sud (XI), insiste sur le "rapprochement entre université et grandes écoles".
Le coût de ce projet, qui s’étend sur dix communes et deux départements (Essonne et Yvelines), est estimé par la fondation de coopération scientifique, chargée du volet académique, à 4,4 milliards d’euros, dont trois milliards sont trouvés, selon M. Couarraze. Il bénéficie d’une dotation de 850 millions d’euros de l’Etat au titre du plan campus et 1 milliard d’euros du Grand Emprunt.
Ce campus est inscrit à la fois dans le plan Campus gouvernemental et dans le projet de loi sur le Grand Paris, soumis jeudi à une commission mixte paritaire réunissant sénateurs et députés.
Déjà des inquiétudes pointent. Des élus reprochent à l’Etat un manque de concertation. François Lamy fait état d’une "situation de blocage", la CAPS ne travaillant plus avec la mission de préfiguration depuis novembre.
"Nous ne servirons pas juste de tiroir-caisse", ajoute David Ros, conseiller général (PS) de l’Essonne.
Hélène Gispert, professeur à l’université Paris-sud et élue SNESUP-FSU, s’inquiète des financements : "on nous annonce un plan d’austérité qui ne dit pas son nom. Quid des investissements ?"