Chloé Lemaçon, épouse de l’otage tué sur le voilier Tanit dans l’Océan indien lors d’un assaut de commandos français pour le libérer de pirates, le 10 avril 2009, demande, dans un livre-témoignage, que l’Etat accepte de reconnaître que son mari est mort d’une balle française.
RENNES (AFP) - Chloé Lemaçon, épouse de l’otage tué sur le voilier Tanit dans l’Océan indien lors d’un assaut de commandos français pour le libérer de pirates, le 10 avril 2009, demande, dans un livre-témoignage, que l’Etat accepte de reconnaître que son mari est mort d’une balle française.
"Florent a été tué par erreur par un commando" français qui participait à l’assaut du voilier, pris en otage par des pirates somaliens, écrit-elle dans ce livre, "Le voyage de Tanit", aux éditions Don Quichotte, dont les bonnes feuilles seront publiées jeudi par le magazine Le Mensuel du Golfe à Vannes.
"Au moment où Florent a voulu lui indiquer la présence de ses coéquipiers à l’avant, celui-là a cru être l’objet d’une menace et a tiré", poursuit-elle.
"En aucun cas il n’est question de chercher à dénoncer un coupable, je connais la vérité ; les erreurs et les malchances se sont multipliées contre nous. Je demande seulement que l’honneur de Florent soit rétabli comme il le mérite", écrit-elle.
"Nous avons toujours admis l’hypothèse qu’un tir français était possible et nous nous en remettons à l’enquête de la justice", a réagi l’amiral Christophe Prazuck, de l’état-major des armées, interrogé par l’AFP.
Depuis les faits, Chloé Lemaçon a personnellement rencontré le commando qui a tiré la balle mortelle, en compagnie de l’amiral Marin Gillier, responsable des fusiliers marins et commandos.
Dans le Monde Magazine du 2 avril, Chloé Lemaçon avait raconté ce rendez-vous : "Il m’a répondu qu’il avait tiré parce qu’il a perçu la main qui se levait vers lui (celle de Florent Lemaçon) comme menaçante. Il m’a expliqué qu’il avait immédiatement assumé son erreur".
Dans la même interview, Chloé Lemaçon expliquait que Nicolas Sarkozy l’avait reçue personnellement le 3 juin 2009. Selon elle, le président avait reconnu une "responsabilité de l’Etat" dans la mort de Florent Lemaçon et lui proposait une "aide", à condition qu’elle n’engage "aucune poursuite contre l’Etat".
Au lendemain de l’assaut, le ministre de la Défense, Hervé Morin, avait admis la possibilité que le skipper du Tanit ait pu être victime d’un "tir français". Interrogé par le Mensuel du Golfe, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, estime qu’il s’agit d’une "piste vraisemblable".
Selon le site Rue 89 lundi, l’enquête balistique, dont le dernier volet vient d’être remis au juge d’instruction rennais chargé de l’affaire, mentionne bien "un tir à l’aide d’une arme de calibre 9 mm, dans la cabine arrière, depuis le dessus du pont par un commando français, ayant atteint M. Florent Lemaçon".
Le parquet de Rennes, sollicité par l’AFP mardi, n’a pas voulu s’exprimer.
"J’ai l’intime conviction qu’on a essayé de me mener en bateau, de faire traîner l’histoire pour que l’opinion n’en retienne que l’hypothèse de la balle perdue. La vérité n’était pas favorable à l’image politique de M. Sarkozy", écrit Chloé Lemaçon dans son livre.
Lors de l’assaut, trois pirates somaliens de 23 à 27 ans ont été faits prisonniers et emmenés en France pour y être jugés. Une information judiciaire a été ouverte à Rennes pour "détournement de navire" suivi de décès et "séquestration et détention arbitraire commis en bande organisée".
Florent, Chloé et leur fils Colin avaient quitté Vannes fin juillet 2008 à bord du voilier de 12,50, pour rejoindre Zanzibar, dans l’Océan indien. Au moment de l’assaut, deux autres équipiers se trouvaient à bord, mais Florent est la seule victime chez les otages. Deux pirates sont morts dans l’opération.