Avec des tarifs plus chers et une distance plus grande à parcourir à pied pour les touristes, les aménagements prévus des accès au très touristique Mont-Saint-Michel, suscitent une polémique feutrée mais féroce.
MONT-SAINT-MICHEL (AFP) - Avec des tarifs plus chers et une distance plus grande à parcourir à pied pour les touristes, les aménagements prévus des accès au très touristique Mont-Saint-Michel, suscitent une polémique feutrée mais féroce.
"Pour nous qui avons mission de faire découvrir le mont au plus grand nombre, c’est un sujet de préoccupation", confie à l’AFP Isabelle Lemesle, présidente du Centre des monuments nationaux.
L’établissement public qui administre l’abbaye classée Patrimoine mondial de l’humanité redoute une baisse de la fréquentation compte tenu des projets du groupe Veolia, choisi le 6 octobre par le syndicat mixte mené par la région Basse-Normandie, pour gérer le transport des touristes de la côte vers le Mont.
Accessible via une digue, l’actuel parking au pied du rocher doit être transféré sur la côte. La digue sera remplacée par un pont en 2014. L’objectif est de préserver l’insularité en péril du mont.
L’an prochain, il faudra se garer sur le continent, payer 8,50 euros de parking -contre 5 actuellement- et marcher jusqu’au Mont, ou, pour les moins sportifs, emprunter des navettes gratuites ou des véhicules payants tirés par des chevaux (6,50 euros par adulte).
Mais la distance prévue par Veolia entre le futur parking et le départ des navettes en fait bondir beaucoup. Rares sont ceux qui acceptent d’être cités.
"Une marche de 800 mètres" minimum, soit 2 km aller-retour, "ça peut être dissuasif, en plus il y a l’ascension du mont", pense Mme Lemesle. D’autant que le climat est humide, avec des pluies fréquentes.
Selon les annexes de la convention de délégation de service public, Veolia compte sur 10 à 20% des visiteurs pour marcher du parking au mont (6 km aller-retour minimum), 20% les chevaux, les autres les navettes. En très haute saison, presque la moitié des visiteurs marcheraient.
Une lettre d’inquiétude a été adressée aux collectivités et préfectures concernées par des contestataires, par 13 signataires, dont le PDG des tricots Saint-James et le président de la chambre de commerce de Cherbourg.
Le seul élu qui a voté contre le projet, Jacques Lecostey, ancien conseiller régional, DVG, lui, assure que "Veolia attend presque le tiers des recettes" des voitures à cheval.
L’objectif du projet, adopté par le syndicat mixte par 15 voix pour, 3 abstentions et une contre, "c’est préserver le Mont, restreindre les voitures, laisser une place plus importante à la marche à pied, comme c’est le cas sur d’autre sites touristiques", répond le président du syndicat mixte Laurent Beauvais.
"On va mettre en place un observatoire, si la marche est un vrai obstacle, on s’adaptera", ajoute le président socialiste de la Basse-Normandie pour lequel le coût d’un parking avec navettes directes était trop élevé.
Pour Denis Bellenger, directeur adjoint démissionnaire du syndicat mixte, cet argument est "un mauvais alibi", d’autant que selon lui, l’appel d’offre a vu "des retournements de tendance inexplicable".
Certains évoquent "le temps minuté" des nombreux visiteurs Japonais, d’autres "l’obstacle, économique" du prix d’accès.
Les détracteurs craignent que les visiteurs tentés par les chevaux renoncent à la visite de l’abbaye (8,50 euros par adulte).
"Ce projet est anticulturel", lâche Claude Lemétayer, élu DVG qui s’est abstenu.
Eric Vannier, maire DVD du mont Saint-Michel et propriétaire de plusieurs hôtels sur l’îlot, lui, a voté pour le projet et le défend avec ferveur. C’est à lui qu’appartiennent les terrains du continent où les visiteurs attendront les navettes.
Son concurrent principal, Jean-Yves Vételé, pdg de la Sodetour qui détient des terrains et commerces plus proches du futur parking, a saisi le tribunal administratif de Caen.