Le gouvernement veut se pencher sur le contenu de nos assiettes avec l’ambition de réorienter la demande des consommateurs et de soutenir ainsi l’agriculture et la pêche, via son projet de loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche examiné mardi au Sénat.
PARIS (AFP) - Le gouvernement veut se pencher sur le contenu de nos assiettes avec l’ambition de réorienter la demande des consommateurs et de soutenir ainsi l’agriculture et la pêche, via son projet de loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche examiné mardi au Sénat.
"Agir sur l’alimentation permet d’assurer, voire d’augmenter, les débouchés pour un certain nombre de produits agricoles : par exemple, si les Français mangeaient selon les recommandations nutritionnelles, cela impliquerait de multiplier par trois la production nationale de fruits et légumes", explique le ministère de l’Alimentation dans l’exposé des motifs de la loi.
"L’alimentation n’a jamais donné lieu en France à une réelle politique publique coordonnée", souligne-t-il, mais seulement à "des plans sectoriels", comme les campagnes sur la nutrition, ou "des actions ponctuelles", "contrairement au logement, à la sécurité routière ou encore à la famille".
En bâtissant un programme national sur l’alimentation, le gouvernement espère aussi "renforcer l’attractivité" de l’agriculture et de la pêche en France, "préserver l’environnement" et "protéger et améliorer la santé des Français".
Ce programme s’appuie sur le "modèle français" de l’alimentation (trois repas par jour, pris en famille, composés de produits de qualité cuisinés maison) qui explique en partie le plus faible taux d’obèses en France (14%) qu’aux Etats-Unis (près d’un tiers) par exemple.
Mais ce modèle se fragilise avec la mondialisation des modes de vie, la modification des rythmes sociaux et les nouvelles habitudes alimentaires des jeunes qui préfèrent le snacking et les plats préparés aux fruits et légumes.
Le budget consacré aux achats de fruits et légumes est dix fois moins important chez les jeunes que chez leurs grand-parents, s’inquiète le ministère.
Or, "le contenu futur de l’assiette des Français conditionnera en partie la physionomie des champs du pays", insiste-t-il. D’où l’intérêt à ses yeux de promouvoir ce "modèle français", d’orienter la demande des consommateurs pour soutenir une agriculture et une pêche rentables et durables.
La FNSEA, principal syndicat agricole français, reconnaît que passer d’une "politique de l’offre et d’une logique de production", qui prévalaient encore récemment, à une politique basée sur "la demande des consommateurs" est un pas "important".
Mais, ajoute Jean-Bernard Bayard, son secrétaire général, il faut prendre en compte que le fait que l’agriculture française subit une forte concurrence internationale et que le consommateur recherche les prix les plus bas.
Concrètement, le projet de loi prévoit que les cantines scolaires seront obligées de respecter des règles sur l’équilibre alimentaire, la fréquence de certains plats. Un effort sera fait pour l’information et l’éducation alimentaire des consommateurs, y compris pour les produits locaux et de saison.
Il est également prévu que les industriels fournissent obligatoirement, et plus seulement volontairement, les données utiles à l’observation de la qualité des aliments, afin de vérifier que les produits deviennent moins gras, mois sucrés, moins salés.
En commission, les sénateurs ont en outre souhaité rendre obligatoire l’indication de l’origine des principaux ingrédients d’un produit alimentaire. Cette disposition, si elle est adoptée, devra ensuite être avalisée par Bruxelles.
Au passage, le projet de loi s’intéresse aussi à l’organisation de l’aide alimentaire, en fixant "les conditions dans lesquelles seront choisies et contrôlées les associations caritatives habilitées à distribuer cette aide".