La Réunion pourrait bien devenir un joyau de l’Humanité. Sa nomination au titre de Patrimoine Mondial a de grandes chances d’aboutir. Daniel Gonthier et la délégation Réunion se rendra à Brasilia le 25 juillet prochain avec l’espoir de gagner le titre. Etat des lieux de nos chances réelles.
La Réunion attend l’examen à la fin du mois de sa candidature par l’Unesco. En cas de validation, l’Etat sera saisi pour l’inscription sur la liste officielle des biens du Patrimoine mondial de l’Humanité. La Réunion qui abrite déjà depuis le 5 mars 2007 le 9ième Parc national français serait ainsi reconnue pour la beauté de ses Cirques, Pitons et Remparts exceptionnels.
Pour Serge Gélabert qui photographie la Réunion sous toute ses coutures depuis 35 ans, "c’est une chance inespérée pour La Réunion, mais c’est aussi des devoirs car si nous obtenu ce titre il faudra préserver l’île, l’entretenir et la respecter. C’est le travail de tous les réunionnais et de toute la Réunion. Je connais bien la Corse et je peux vous dire qu’un site classé d’intérêt mondial par l’Unesco comme Piana et ses calanques, est préservé à mort. Il n’y a pas un papier par terre. Si un touriste jette quoique ce soit, les Corses interviennent. Je l’ai vu de mes propres yeux".
Le Parc national de la Réunion a mis en évidence les caractères exceptionnels et universels des Pitons, Cirques et Remparts et propose leur classement au Patrimoine mondial. C’est ce qui peut faire chavirer le cœur du jury. En tout cas Serge Gélabert y croit dur comme fer : "notre particularité ce sont les remparts, les pitons et les cirques, c’est à dire ces effondrements volcaniques que les autres ne possèdent pas. C’est pour cela je pense, que nous aurons ce classement car c’est unique au monde".
Pour Ibrahim Dindar, conseiller général et membre de la délégation réunionnaise, la Réunion a mis toutes les chances de son côté : "Notre dossier est mûr, et je suis relativement optimiste. Un gros travail scientifique et exceptionnel a été fait par le géologue René Robert. Le but de la manœuvre était de démontrer que nous avions un patrimoine exceptionnel, cela est fait".
Bien sûr il y a encore quelques écueils, relevé par un rapport de l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui indique la présence de peste végétale et de la prolifération des espèces invasives, ou encore les menaces d’extinction de certaines de nos espèces comme le tuit-tuit ou le gecko de Manapany, "mais nous avons apporté nos réponses, et je pense maintenant que notre dossier est solide", répond Ibrahim Dindar avant de rajouter, "nous devrions si nous sommes retenus gagner en notoriété de deux façons. De façon scientifique et touristique. Un touriste branchée exception sera très fortement attiré par la destination. Autant le parc national peut créer des problématiques humaines, comme les survols en hélicoptère, autant ce classement ne nous interdit pas l’activité humaine. Notre seul véritable challenge sera de gérer les sites. Mais il y aura de la création d’emploi pour les préserver des agressions".
Argument partagé par le photographe Serge Gélabert : "Si on a ce classement ce sera un atout formidable pour le développement touristique de la Réunion car nous serons une des plus belles merveilles du monde. C’est également un privilège d’être classé. C’est pour cela qu’il faudra mettre tout en œuvre pour être digne de ce classement".
Au total ce sont 120 000 hectares qui sont concernés par ce classement, "le cœur du Parc national plus une aire d’adhésion comprenant Salazie, Cilaos et un morceau de la Pandanaie de la Plaine des Palmistes", ajoute Daniel Gonthier, le président du Parc National qui sera à la tête de la délégation réunionnaise au Brésil.
La candidature réunionnaise repose sur des caractères exceptionnels, naturels et universels de l’île. Elle repose sur la construction même de l’île, liée à un volcanisme qui a créé trois massifs dont l’un a disparu pour laisser la place aux deux autres, le Piton des Neiges et le Piton de la Fournaise. L’évolution des massifs à la fois par des effondrements importants et par l’érosion des torrents a créé des paysages remarquables comme celui des trois cirques, Salazie, Mafate, Cilaos.
Mais le dossier n’est pas encore tout à fait gagné selon Ibrahim Dindar, "nous allons défendre ce dossier en comité au Brésil mais aussi en coulisse et faire le travail de lobbying ultime dans le couloir des hôtels là bas".
Le dossier de candidature de La Réunion fait plus de 1000 pages et il démontre que notre île est un hotspot de la biodiversité de l’Océan Indien.
La hauteur des montagnes réunionnaises est telle qu’elle permet toute une combinaison de nuances climatiques, du tropical sur la côte au tempéré sur les hauts sommets. Une combinaison à l’origine d’une extrême biodiversité. L’île est au carrefour des échanges d’espèces provenant d’Afrique orientale, de Madagascar et de l’Inde, et même des îles du Pacifique.
Le caractère insulaire a créé les conditions propices à l’installation de la faune et de la flore venues d’ailleurs. Sur place, les adaptations nécessaires ont fait évoluer beaucoup d’espèces, elles étaient d’origine exotique, elles sont devenues des espèces endémiques.
En dépit des pressions humaines subies depuis le XVIIe siècle, ce patrimoine vivant s’est maintenu dans des proportions largement supérieures à d’autres sites comparables (Maurice, Rodrigues, Galapagos, Canaries...).
Cette inscription selon Thierry Crop, Président du Club de soutien de la candidature de la Réunion au Patrimoine mondial de l’Unesco
"permettra de faire rayonner l’île de La Réunion au plan international et aura un impact positif en matière de fréquentation touristique, d’activité économique pour l’île. Elle tirera vers le haut le développement économique et social de l’île et ce de manière durable. Sur le plan environnemental, ce sera une opportunité supplémentaire pour préserver les richesses existantes pour les générations futures et un aménagement harmonieux sauvegardant des espaces ruraux de qualité". (voir l’intégralité de son interview ici)
La décision devrait tomber le 30 ou le 31 juillet. "On a déjà 90% de positif", déclare Daniel Gonthier, "reste à conquérir les 10% restants".