300 soldats du feu sont à pied d’oeuvre pour tenter de maîtriser l’incendie qui réduit à néant des hectares de végétation depuis mardi. Le major Luguy Morel, chef de groupe Feux de forêt de la caserne de Saint-Louis, fête ses 20 ans de service cette année. Tout au long de sa carrière, il a lutté avec les flammes sur des incendies extrêmement dévastateurs. Avec en mémoire le souvenir encore très frais de l’incendie de l’année dernière, le Major est mobilisé sur ce nouveau désastre qui frappe la Réunion.
Arrivé à 6h30 hier matin sur le site, Luguy Morel a passé toute la nuit dernière sur la route forestière des Tamarins. Effectuant des allers retours sur les différents foyers actifs, il joue le rôle essentiel de liaison entre le terrain et le poste de commandement. Selon ses observations et l’évolution de la situation, les effectifs sont répartis sur les différents points chauds. Le terrain tortueux et l’altitude des zones touchées complique considérablement le travail des pompiers. "Cette année, le feu s’est déployé encore plus rapidement que l’année dernière", constate avec inquiétude le Major. La nuit, les soldats du feu ne peuvent que contenir le feu. Devant la propagation intense du feu, des hommes ont été contraints hier de se rendre sur des terrains non reconnus au préalable.
Déjà intervenu sur plusieurs incendies dramatiques ces dernières années, le Major Morel, âgé de 43 ans, est toujours affligé devant le spectacle de la nature qui part en fumée. Onze espèces endémiques sont menacées de disparaître. "C’est désolant et criminel, ces feux provoquent la colère des pompiers, car c’est le patrimoine qui est détruit", confie t-il navré.
Sur des événements de ce type, les pompiers ne comptent pas leurs heures. Pendant les relèves, ils ont juste le temps d’avaler un café et un repas chaud. "C’est éreintant" reconnaît le Major. Mobilisé depuis le début du sinistre mardi après-midi, Luguy Morel, mari et père de deux enfants, n’a pas pu joindre sa famille en raison du très mauvais réseau sur le site. La fatigue commence à se faire sentir, mais les pompiers ne peuvent pas relâcher la pression car le feu demande une vigilance de tous les instants. Un métier rude qui demande un engagement total : le Major accepte les conditions et aime son métier. Au bout de 20 ans de carrière, sa passion est toujours intacte.