La Polynésie ou La Réunion. Les deux territoires, distants de presque 16 000 km ont la même ambition : assurer leur autonomie énergétique. Le président polynésien Gaston Tong Sang vient d’obtenir l’aide financière de la France. La Réunion le soutien du Président Sarkozy, mais qui n’a pas officiellement reconnu l’effort de la Région Réunion dans ce domaine.
Teva Rohfritsch, ministre polynésien de la reconversion économique, économie numérique, technologies vertes, met toujours en avant un projet de barge flottante à Tahiti utilisant l’énergie thermique des mers pour produire de l’électricité. Un projet qui séduit Jean Louis Borloo, le ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du développement durable et de la Mer.
Résultat : le ministère de l’Outre-mer va financer 50% des études, la Polynésie 25% et les porteurs du projet, dont le groupe Moux (telecoms, energies nouvelles) 25%.
La Polynésie qui s’approvisionne en pétrole à Singapour, cherche à donner une impulsion très forte sur les énergies nouvelles. Teva Rohfritsch a prôné aussi un programme photovoltaïque sur un fonds financé à parité par l’Etat et la Polynésie, concernant notamment les établissements scolaires.
"Je suis convaincu que la France peut être le premier pays industrialisé à avoir une stratégie vraiment durable. Et spécifiquement en Polynésie française et à la Réunion, qui ont des hommes politiques porteurs de projets. On sent cette envie, cette évidence" déclare Jean-Louis Borloo dans des propos rapporté sur
le site d’information Tahiti Presse.
Au même moment dans notre île, deux conventions sont signées entre l’Etat et le
Conseil régional de Paul Vergès. Un budget de 8 millions d’euros est libéré pour la mise en place de deux projets.
Le premier concernant l’exploitation thermique marine (ETM) et le second concernant l’extraction d’énergies des vagues. La promesse du Premier ministre François Fillon est tenue.
Le blog « les énergies de la mer » considéré comme référentiel dans ce domaine et qui assure une veille internationale d’information sur ce thème annonce que le projet est porté par DCNS.++++
Ce groupe naval international utilise la différence de température entre l’eau de surface, chaude, et l’eau froide venant des profondeurs pour produire du courant électrique 24 heures sur 24 et 365 jours par an. L’objectif de DCNS est de réaliser un démonstrateur afin de valider cette technologie particulièrement intéressante pour les zones tropicales. DCNS et la Région Réunion ont signé une première convention en avril 2009 pour étudier la faisabilité d’une première centrale d’énergie thermique des mers, puis une seconde en octobre 2009 afin d’étudier l’optimisation du système énergie qui sera intégré à la centrale. Une façon d’atteindre l’objectif de la
Région Réunion de devenir autonome en énergie électrique à l’horizon 2025.
Parmi les filières technologiques des Energies Marines, l’Energie Thermique des Mers apparaît comme une solution d’avenir adaptée et 100% renouvelable. La localisation de notre île sur la ceinture tropicale est parfaite. Elle permet d’exploiter la différence de température qui existe naturellement entre la surface et les profondeurs de l’océan.
Objectif : produire de l’électricité, mais aussi des produits dérivés (eau douce, climatisation, amélioration de l’aquaculture et de la culture d’algues).
Le site de l’Ifremer explique que c’est Jules Verne en 1869, qui aurait eu cette idée d’utiliser les eaux de surface et les eaux profondes des océans pour produire de l’électricité.
"Les mers et les océans sont à la fois un vaste capteur et un immense réservoir d’énergie solaire. Cette énergie est stockée sous forme de chaleur dans les couches d’eau de surface des mers et des océans tropicaux. Les courants marins entraînent cette eau vers les hautes latitudes où elle se refroidit et coule vers le fond des grands bassins océaniques. Après un long voyage plusieurs fois séculaire dans les profondeurs, elle remonte lentement vers la surface dans les régions dites d’"upwelling". Ce phénomène de circulation explique pourquoi la température de l’eau décroît avec la profondeur même en zone tropicale où la température de l’eau peut dépasser 28° en surface alors qu’à 1000 mètres de profondeur elle reste uniformément voisine de 4°C", explique l’Ifremer sur son site.++++
Un phénomène naturel que l’on retrouve précisément dans les eaux de La Réunion ou la différence de température de l’océan peut avoisiner les 24°.
Le procédé est simple. Il s’agit d’exploiter la différence de température de l’eau entre la surface et les couches profondes des océans tropicaux (de l’ordre de 20°). Un procédé que certains dénoncent, car il pourrait consommer plus d’énergie qu’il n’en produirait.
En 1926, Georges Claude, présente à l’Académie des Sciences le procédé qu’il a inventé avec Paul Boucherot pour produire de l’énergie à partir de l’eau de mer chauffée par le soleil à la surface de l’océan et de l’eau froide qui remplit les grands bassins profonds sous-jacents.
Il réalise alors une série d’expériences dont une, décisive, à Cuba en 1930, qui lui permet de démontrer que le bilan énergétique global de son procédé est positif. Grâce à la première crise pétrolière de 1973, les travaux de développement des énergies renouvelables reprennent et les Américains et les Japonais réitèrent cette démonstration et optimisent les performances du procédé en utilisant des technologies modernes.