La grève générale entre dans sa troisième semaine à Mayotte. La violence est montée d’un cran ces derniers jours sur l’île aux parfums, toujours paralysée par des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants. Le mouvement a pris un nouveau tournant avec l’engagement des politiques dans la lutte. Ibrahim Aboubacar, 1er vice président du Conseil Général, a demandé la démission du préfet Thomas Degos. Ce matin, les manifestants se sont postés devant la préfecture de Mamoudzou, protestant contre la régularisation de Comoriens.
Ce lundi, les grévistes entrent dans leur troisième semaine de mobilisation contre la vie chère. La situation reste extrêmement tendue. La circulation reste très compliquée sur l’île, où les employés travaillant sur la barge entre Petite Terre et Grande Terre n’ont toujours pas repris le travail.
Ce matin, le rendez-vous a été donné pour une nouvelle manifestation après l’échec des négociations samedi. Mais une rumeur circulant sur le fait que des immigrés d’origine comorienne devait être régularisé a modifié le programme de la manifestation. Les grévistes se sont retrouvés devant les grilles de la préfecture, demandant la fermeture du service régularisation. "C’est irrespectueux !" estime cette manifestante. Des doléances bien éloignées des revendications initiales portant sur le coût de la vie. Mais en ce 13 ème jour de grève, d’autres éléments, signes d’un profond malaise social, brouillent le débat.
Bloqués par les forces de l’ordre, les manifestants ont fini par se disperser. Les magasins ouverts sont pillés. Pour l’Intersyndicale, les commerçants ouvrant leurs portes sont "irresponsables". Parlant d’une même voix, les syndicats ont également appelé à poursuivre la grève jusqu’à jeudi, estimant que le préfet Thomas Degos cherche à gagner du temps. Ils ont également appelé les chefs d’entreprise à donner des jours de chômage technique ou de congés annuels pour qu’ils se joignent au mouvement. Manifestants, leaders syndicaux et politiques pointent quant à eux du doigt la forte présence policière qui ne ferait qu’amplifier les tensions.
Samedi matin, une trentaine de maires, adjoints au maire et conseillers municipaux sont descendus dans la rue pour défiler aux côtés des manifestants. Dénonçant des prix prohibitifs sur les produits de première nécessité, ses personnalités politiques mahoraises ont accompagné les grévistes dans leur action de fermeture d’un magasin Jumbo Score. "Nous descendons dans la rue car les négociations sont dans l’impasse." a souligné Ibrahim Aboubacar cité par Malango Mayotte. L’imposante présence policière aurait agacé les manifestants et les politiques qui se sont ensuite assis, en chantant qu’ils n’étaient pas là pour "casser mais pour demander le départ du préfet".
Parallèlement, les rixes entre jeunes et forces de l’ordre ont fait deux blessés vendredi matin. Un petit garçon de 9 ans a été grièvement blessé par un projectile de flash-ball tiré par un gendarme. Pris en charge à l’hôpital de Mayotte dans un premier temps, l’enfant a été transféré ce matin à la Réunion. A Pamandzi à Petite Terre, un adolescent a également été blessé fauché par un chauffeur de taxi.